PIF, L’ENVERS DU GADGET : Les BD de notre jeunesse, influencent-elles notre idéologie politique ?

PIF, L’ENVERS DU GADGET : Les BD de notre jeunesse, influencent-elles notre idéologie politique ?

Pif Gadget” je n’en connaissais pas grand chose, ça m’évoquait juste le nom d’un magazine un peu ringard, et anecdotique.
Bon et puis j’ai jamais trop compris l’intérêt du concept des “gadgets” qui accompagnent aussi bien les paquets de lessive que les kinder surprise, et qui font très attrape-gogos.

Et pourtant, cette stratégie elle a marché du tonnerre.
Pif Gadget a été un véritable phénomène de l’édition. Des centaines de milliers de ventes en moyenne, (le million étant atteint sur certains numéros spéciaux !), du jamais vu.

Surtout le magazine dont l’actionnaire principal était le parti communiste, arrive à manger les américains Picsou et Mickey, en les battant à leur propre jeu, et en utilisant leurs propres méthodes libérales de marketeux visant à atteindre le coeur de chérubins encore innocents.

En théorie, il s’agissait d’attirer les enfants avec des gadgets “fascinants”, et de les fidéliser avec les BD (Placid et Muzo, Rahan, Jérémie, Léonard …). A noter l’archive assez hilarante, présentant les débuts de Paul-Loup Sullitzer magnat du gadget et qui fera fortune dans le domaine, et qui a proposé les premiers gadgets de pif.

Il y a bien une guerre idéologique, qui est illustrée dans le doc avec drôlerie et légèreté.
Les valeurs américaines VS Les valeurs progressistes, opposition qui se ressentait tant dans le fond des histoires racontées, que dans le style des dessins, sucrés ou picturalement riches (cf le très intéressant témoignage de Gondry sur la question). Ou comment transmettre des “valeurs” aux jeunes via de simples BD qui a priori ne payent pas de mine.

Sur un ton plus léger, on peut profiter de quelques présentations de gadgets assez farfelus (les pois sauteurs du Mexique, les pifises (une farine magique qui prend vie quand on la fout dans l’eau !)), des séquences en stop motion à la Wallace & Gromit (et qui ont coûté une fortune…!), une superbe voix-off d’Emmanuel Curtil (comme d’hab quoi), et une histoire passionnante de la BD (le parcours de Pif étant riche et complexe, les 52 minutes du doc semblent un peu courtes pour aller dans le fond des détails, même si l’effort de synthèse est appréciable).

Bref c’est cool comme tout, et on ressent même un soupçon de mélancolie fellinienne grandir au fur et à mesure (cf la séquence avec Gilbert Edelstein du cirque Pinder).

Le chien Pif décédé en 91, ressuscité brièvement de 2004 à 2008, tel Frankenweenie, reviendra-t-il d’entre les morts ?

Réponse à la prochaine fête de l’huma !

PS :
– Documentaire dispo en streaming sur arte creative : http://creative.arte.tv/fr/pif-bazar
– Et diffusé samedi 31 janvier en deuxième partie de soirée sur arte

 

Critique publiée par KingRabbit le 26 janvier 2015