BUSH

BUSH

Bush sur toutes les bouches. Bush star du petit et du grand écran. Bush propulsé sur la planète Hollywood. C’est le cas de le dire, quelques jours après la venue du président américain en Europe pour la célébration du 60e anniversaire du D-Day, aux côtés des chefs d’État européens et russe… et de Tom Hanks, l’interprète du Soldat Ryan lui aussi présent sur la Côte normande pour l’occasion.
Mais si Georges W. Bush a connu la semaine passée une de ses plus belles heures de gloire médiatique, grâce aussi au vote par l’ONU de sa résolution pour l’Irak, l’avenir lui réserve encore quelques gros plans, plus cinématographiques et autrement plus réalistes… mais moins valorisants.
Deux films lui donnent en effet “la vedette” à huit jours d’intervalle : outre Fahrenheit 9/11 qui sort bien aux États-Unis le 25 juin, sur plus de 1 000 copies et, à partir du 7 juillet en France sur pas moins de 250 écrans (puis le 9 du même mois en Grande-Bretagne, le 16 en Allemagne, le 23 en Espagne, et en août au Japon et en Italie), un autre documentaire apporte un éclairage tout aussi révélateur et passionnant.
Le monde selon Bush de William Karel, diffusé le 18 juin sur France 2, cinq jours avant une sortie en salle judicieusement désirée par son producteur Jean-François Lepetit, se voit comme la plus haletante des fictions, avec son lot de personnages dignes du Parrain, de témoignages incroyables mais vrais, de rebondissements auxquels les meilleurs scénarios d’espionnage n’ont rien à envier. Plus enquête que pamphlet, ce film français est complémentaire de la Palme d’or emportée par le trublion américain Michael Moore. Et prouve, si besoin en était encore, l’urgence d’un regard sur le monde autre que celui bien aseptisé, voire déformant, des journaux télévisés, comme l’intérêt à ce que le cinéma se mêle parfois de la réalité. Même si, contrairement à Ronald Reagan disparu cette semaine, George Bush n’aura pas droit, lui, à son nom gravé sur les célèbres étoiles de bronze et de marbre rose incrustées dans le trottoir d’Hollywood Bld.

 

Editorial de Sophie Dacbert – 11 juin 2004