Interview de Grégoire Colin concernant Sex is Comedy

Interview de Grégoire Colin concernant Sex is Comedy

« Avec Catherine Breillat, c’est une longue histoire. On s’est rencontrés sur Romance. À l’époque, j’avais fait le casting pour jouer le rôle de Rocco Siffredi que j’ai refusé pour les raisons que vous pouvez comprendre. Dix jours plus tard, elle m’a rappelé et m’a proposé le rôle de l’ami de Sagamore Stévenin. Depuis, on est restés en contact. On allait boire des cafés de temps en temps. Après le 11 septembre, on s’est revus, on a parlé des attentats et c’est là qu’elle m’a proposé le rôle de Léo. Je lui ai d’abord dit non. Je ne suis pas très sûr de moi. Je n’ai pas beaucoup d’ego et je ne me sentais pas à la hauteur. Finalement, malgré mon refus, Catherine ne m’a pas laissé le choix. Michaël, son premier assistant, m’a rappelé. Je suis passé à la production pour prendre le texte pour les essais. C’était un extrait de La Maman et la Putain. En sortant sur les Champs-Élysées, je voulais les appeler pour arrêter. Finalement, j’ai pris sur moi, j’ai appris le texte et j’ai fait des essais que Catherine a trouvés magnifiques.Un de mes meilleurs amis est premier assistant. J’ai voulu moi-même faire ce métier à un moment. Par ailleurs, sur le tournage de Sex is Comedy, j’en avais un sous les yeux et je lui ai piqué des choses. Et automatiquement, comme un caméléon, j’ai appris le vocabulaire du premier assistant. Catherine et Michaël, son premier assistant, s’entendent très bien. Ils sont très proches, très solidaires. D’ailleurs, en lisant le scénario, on voyait tout de suite qu’Anne et moi étions proches, que Jeanne, son personnage, adorait Léo, qu’il y avait une grande estime entre nous.
Lui est peut-être amoureux d’elle.
Ça pourrait être une histoire d’amour impossible.
Il y a des scènes qui ont été coupées. Mais, à la lecture du scénario, il y avait tout de même pas mal d’ambiguïté entre eux, même si c’était assez retenu. Dans Sex is Comedy, Léo est le bras droit de Jeanne et la personne sur qui elle peut se reposer quand elle ne va pas bien.C’est son film et Léo est là pour la décharger des problèmes dont elle n’a pas à s’occuper.

Le travail avec Catherine est très passionnel, très profond, très intense. Elle est d’une intégrité folle et elle a une passion pour le cinéma que je partage absolument. Je me sentais à l’aise. Pour préparer le film, j’ai surtout beaucoup appris les dialogues. J’aime bien pouvoir être entièrement libéré du texte, complètement libre de pouvoir le sortir n’importe quand, n’importe où. Quand je connais vraiment les dialogues par cœur, je n’ai plus vraiment besoin de réfléchir et tout devient plus spontané, presque inconscient. Sur le tournage, Catherine vous laisse d’abord faire et ensuite elle vous corrige. Elle vous incite à aller chercher loin, pas à réfléchir, mais à ressentir profondément les émotions. Elle est tellement passionnée que si vous êtes un peu sensible, c’est quelque chose qui vient automatiquement.

Vous comprenez petit à petit où elle veut en venir. J’ai eu un peu de mal avec ma façon de parler. Parce que j’ai tendance à parler en haussant et en baissant la voix. Et elle n’aime pas ça. Elle voulait quelque chose de très plat, très blanc, très rectiligne. Ça, c’était un peu difficile. »

Propos recueillis par Thierry Jousse