interview Marion Hansel concernant IL MAESTRO

interview Marion Hansel concernant IL MAESTRO

Quand j’ai découvert la nouvelle de Mario SOLDATI “LE MAESTRO“, je suis tombée très rapidement amoureuse de cette histoire. Il me semblait qu’elle m’offrait des possibilités nouvelles. Elle me permettait d’aborder des thèmes importants, graves tels que le remords, la culpabilité, la confession, la trahison, l’amitié, mais de les aborder d’une manière différente de mes autres films.

Jusqu’ici, j’ai fait des choses extrêmement dures, sérieuses, exacerbées, les personnages se trouvant toujours dans une situation de manque affectif total. Ici, c’est différent. Il y a la place pour l’humour, la distance, un rythme plus dynamique, rapide et peut-être une certaine joie de vivre.

J’ai toujours travaillé sur des films de silence, de non-communication, avec très peu de dialogues, pratiquement pas de musique. Je désire aborder aujourd’hui un sujet qui est entièrement construit sur la communication, un film de dialogues et de monologues. Il s’agit d’ailleurs d’une confession. C’est aussi un film musical : l’histoire d’un chef d’orchestre, de son rapport à la musique et à l’opéra. Je vais structurer et écrire le scénario en pensant déjà à la composition musicale, certaines scènes étant enregistrées à l’avance et interprétée en play-back.

La structure dramaturgique des “Noces Barbares” était basée sur un grand flash back menant à un récit chronologique de l’histoire. La structure de “MAESTRO” est différente ; je vais jouer constamment entre le temps présent -le moment de la confession- et le temps passé -l’histoire vécue dix ans auparavant-. Une structure qui est cadencée en deux temps.

Pour le film “DUST“, j’ai travaillé avec deux très grands comédiens : Jane BIRKIN et Trévor HOWARD, pour les “NOCES BARBARES” il s’agissait de comédiens beaucoup plus jeunes, pratiquement inconnus et débutants : Marianne BASLER et Thierry FREMONT.

Pour ce nouveau film, il est essentiel, vu la complexité des personnes et l’ampleur dramatique des rôles principaux, de choisir des comédiens totalement confirmés et célèbres. J’aime de temps en temps être confrontée à des vedettes qui ont participé à beaucoup plus de films que moi ce qui m’oblige à une autre réflexion face à la direction de comédiens.

Par rapport à la conception visuelle et à la lumière, je voudrais que les décors et les couleurs soient moins arides, moins dramatiques que dans mes autres films. J’ai choisi la Toscane comme lieu de tournage pour ses courbes douces, rondes, pour ses collines et ses paysages paisibles, pour ses couleurs chaudes, heureuses. Une recherche sur la peinture italienne comme référence de couleurs, d’éclairages et de perspectives est en cours pour permettre un réel travail de création avec le chef opérateur.

Adapter tour à tour un auteur belge (Dominique ROLIN), sud-africain (John COETZEE), français (Yann QUEFFELEC) et italien (Mario SOLDATI) me fait entrer chaque fois dans des univers nouveaux et me fait découvrir la peinture, la musique, la littérature, les paysages, les coutumes de ces différentes cultures.

Un nouveau film est toujours une aventure inconnue que j’aborde avec joie et passion en espérant provoquer chez le spectateur ces mêmes sentiments.