La soif de vivre – Interview de Claire Keim

La soif de vivre – Interview de Claire Keim

Dans La soif de vivre, vous jouez une mère qui souffre d’alcoolisme. Comment avez-vous abordé ce rôle ?

Mon personnage est persuadé de pouvoir concilier son addiction avec sa famille. Il faudra une succession de crises pour qu’elle accepte de faire face au dilemme. Un psychiatre m’a éclairé sur le sujet. J’ai aussi beaucoup travaillé en amont avec le metteur en scène. Tituber, avoir l’œil vitreux, la voix pâteuse.. Il faut que le jeu soit juste afin d’éviter le ridicule. Si on ne croit pas au personnage, on ne croit pas au film. C’est d’autant plus compliqué qu’un alcoolique peut ne jamais sembler ivre. Mais, dans une fiction, il faut montrer. Il n’est pas question d’agacer les gens qui se débattent avec ces problèmes. Si mon personnage ne correspond pas à leur réalité, j’espère au moins qu’il n’y verront pas une trahison.

Vous êtes-vous inspirée de cas que vous connaissez ?

On connaît tous des gens qui souffrent d’addiction. La plupart du temps, ils ne l’admettent pas. J’ai rencontré des femmes dont le problème est insoupçonnable. Elles font du yoga à 8 heures du matin, signent toujours le carnet de note du petit dernier, mais derrière cette façade, c’est un désastre. Et il y a de la vanité à vivre son addiction comme un drame intime, que personne ne peut comprendre, à se réfugier dans la souffrance.

Auriez-vous pu basculer dans l’addiction ?

J’ai commencé très tôt dans ce métier. J’ai vu beaucoup d’excès… J’aurais pu me faire manger dix fois ! Heureusement, j’ai eu des réveils douloureux où je ne me souvenais de rien. Ces situations m’ont servi d’alertes. Je suis passée entre les gouttes, c’est une chance, je n’en fais pas une fierté ;

Ce rôle est-il vraiment fait pour vous ?

J’ai joué pendant vingt-cinq ans le même personnage : l’héroïne forte et fragile. Je voudrais que les téléspectateurs qui ont pu apprécier mes rôles, se disent : on l’a connue jeune et jolie, et, aujourd’hui, elle pourrait en être là, sans qu’on ait rien vu venir.

Entretien réalisé par Michel Bessières