DÉPRESSION, UNE ÉPIDÉMIE MONDIALE ?

DÉPRESSION, UNE ÉPIDÉMIE MONDIALE ?

Près de 400 millions de personnes seraient atteinte de dépression à travers le monde, et la consommation d’antidépresseurs a presque doublé dans les pays de l’OCDE ces dix dernières années. Partout, on parle d'”épidémie mondiale“. Mais y a-t-il réellement plus de malades qu’avant ? Ou la dépression est-elle juste plus souvent diagnostiquée, et davantage prise en charge ?

Pour répondre à ces questions, Michèle Dominici convoque une foule de spécialistes, psychiatres, anthropologues, sociologues ou philosophes, et envisage le phénomène dépressif sous toutes ses coutures. S’il est mieux diagnostiqué, il est aussi sorti du domaine strictement médical pour entrer dans le langage commun, souvent confondu avec la déprime ou la démoralisation. A qui profite cette banalisation de le dépression ? Le psychiatre Allen Frances estime que les fabricants de médicaments s’en sont largement emparés : “Ils ont compris que le meilleur moyen de vendre des pilules c’est de vendre des maladies, de les promouvoir“. De coller l’étiquette “dépression” sur les maux du quotidien, en somme. Le médecin va plus loin en interrogeant la responsabilité de l’OMS qui “a un intérêt particulier à ce que les maladies soine très communes” et à gonfler les chiffres, puisque “c’est ainsi que son budget est défini“…

Cette enquête extrêmement riche nous emmène plus loin dans la réflexion, prenant un tour philosophique passionnant. Dans quelle mesure est médicalisé, toujours plus à l’excès, le mal-être inhérent à une société qui ne cesse de nous désigner seuls responsables de nos malheurs, sans en interroger les causes collectives et sans jamais fournir de véritable solution ?