LE MONDE SELON BUSH

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LE MONDE
SELON BUSH
un documentaire de William KAREL2004

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À huit ans d’intervalles, Georges Bush et son fils, W., se sont succédé à la tête du pays le plus puissant de la planète. Un phénomène sans précédent dans l’histoire américaine. Les évènements majeurs, au cours des douze dernières années, se sont déroulés sous leurs présidences : Effondrement de l’empire soviétique et du bloc communiste, première Guerre du Golfe, événements du 11 septembre, globalisation du terrorisme et nouveau conflit avec Bagdad…

Réalisateur

William KAREL

Jean-François LEPETIT
présente


Un film de William KAREL


En collaboration avec
Eric LAURENT
Auteur de
LA GUERRE DES BUSH
LE MONDE SECRET DE BUSH
Edition plon
Image et son
Stéphane SAPORITO
Montage
Tal ZANA
Une production
FlachFilm
Agnès VICARIOT
Jean-François LEPETIT
Avec la participation de
FRANCE 2
RTBF
TSR
SBS


Le Monde selon Bush
© Flach Film 2004


Générique de fin
Un film de
William Karel
En collaboration avec
Eric Laurent
Auteur de
LA GUERRE DES BUSH
LE MONDE SECRET DE BUSH
Editions Plon
Produit par
Agnès Vicariot
Jean-François Lepetit
Montage
Tal Zana
Image et son
Stéphane Saporito
Entretiens
William Karel
Assistante réalisateur
Christiane Ratiney
Assistant monteur
Régis Carrara
Traductions
Ian Burley
Lucie Mollof
Directrice de production
Sophie Touzeau
Administrateur de production
Jean-Pierre Billard
Secrétaire de production
Aurélie Mazureau
Documentalistes
Valérie Combard
Marie-France Pirotte
Serge Garcin
Sous-titrage
Yannick Roussille
Commentaire dit par
Michel Papineschi
Comédiens voix off
Bernard Demory
Hervé Caradec
Jean-Marie Fombone
Denis Boileau
Michel Rule
Banc-titre
Nina Prudence
Conformation et étalonnage
Jean-Marie Fremont
Mixage
Philippe Sorlin
Archives images
CBS News / BBC Worlwide
France 3
APTN
ABC via APTN
Gaumont Pathé Archives
Fonds ITN
NBC News Archives
CNN Images Sources
War in Iraq : the road to Bagdad
Ambassade des Etats Unis
(all rights reserved)
Archives photos
Corbis
AFP
AFP/Getty
Reuters/MAXPPP
The Bush Library
Jonas Karlsson – Vanity Fair
(all rights reserved)
Remerciements
Ron Beinner
Vanity Fair
Alain de Chalvron
Nadia Maachi
Bernard Miyet
Amy Pollack
Jacqueline Pradel
Carol Sterzer
Life Outreach International
Aurélie Boileau
Erwan Salaün
Perrin Vossion
Et tout particulièrement
Ani DiFranco - "Self Evident"


Une prodution
www.flachfilm.com


Avec la participation de
FRANCE 2


Unité programmes documentaires
Yves Jeanneau
Anne Roucan
Atelier de production
Clotilde Beslon
Attachées de presse
Audrey Dauman


FRANCE 2


Alexandra Schamis
ASCOM pour FLACH FILM
Avec la collaboration de
La RTBF (télévision belge)
Claire Colart


La TSR (télévision Suisse romande)
Irène Challand


SBS (télévision australienne)
Mark Atkin
Et la participation du
Centre National de la Cinématographie


© Flach Film - MMIV

Images du film

LE MONDE SELON BUSH

REVUE DE PRESSE

Edition spéciale Production TV
La face cachée de George Bush

Ce documentaire propose une « autopsie de la présidence américaine pour ne plus se contenter des vérités officielles »

Interview de Christophe Kechroud-Gibassier
Entretien avec William Karel

Même si je ne livre jamais directement mon point de vue personnel, il est difficile de rester objectif sur un tel sujet, et d’ailleurs, je ne crois pas beaucoup à l’objectivité en matière de documentaire. Je ne peux pas cacher mon antipathie pour les Bush et pour leur entourage, pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

Entretien avec Eric Laurent

Nous sommes face à un phénomène tout à fait nouveau en politique : pour la première fois, une administration, composée d’hommes issus d’une extrême droite chrétienne ultra-fanatique et des neo-conservateurs ont pris le contrôle complet de la politique étrangère américaine et sont aujourd’hui en train de refaçonner totalement les relations internationales.

CAHIER DU « MONDE »
Réquisitoire contre Bush

William Karel signe un nouveau documentaire, « Le Monde selon Bush », sur France 2, qui révèle la personnalité du président américain et souligne les compromissions et les mensonges de la Maison Blanche, depuis le 11 Septembre jusqu’à la guerre en Irak.

Voila
Le Monde selon Bush

A coup d'interviews, de photos, de films d'archives, le documentaire démontre comment le président américain est manipulé par un puissant courant de chrétiens ultra-conservateurs et un réseau d'hommes d'affaires à la tête des plus puissantes sociétés américaines, enrichis dans le commerce du pétrole et des armes.

la film français
BUSH

Le monde selon Bush de William Karel se voit comme la plus haletante des fictions, avec son lot de personnages dignes du Parrain, de témoignages incroyables mais vrais, de rebondissements auxquels les meilleurs scénarios d’espionnage n’ont rien à envier.

Le monde télévision
Interview de William Karel

Le principe de mes films, c’est l’histoire racontée par les témoins directs. Mais là, je traite de l‘actualité immédiate et il est beaucoup plus difficile de faire parler des témoins devant une caméra que pour un livre.

Le monde télévision
Un budget de 500 000 euros et huit mois de tournage

Jean François LEPETIT aurait bien aimé que Le Monde selon Bush soit retenu à Cannes. Le producteur de Flach Film a envoyé une copie du documentaire de William Karel à l’équipe de sélection du festival, qui le prévient que le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11, sur le même sujet, est attendu et qu’il ne pourra y avoir deux films contre George W. Bush.

SUDOUEST
Le règne du mensonge

C'est un réquisitoire argumenté, précis, affligeant. Si encore William Karel et Eric Laurent jouaient avec les a priori. Mais leur enquête sur George W. Bush et son système s'appuie seulement sur des faits avérés, des témoignages crédibles. Heureusement, on y découvre aussi que les Etats-Unis sont multiples et que nombre de ses habitants sont debout, bien décidés à lutter contre les illuminés, les menteurs, les affairistes qui, pour l'heure, tiennent le haut du pavé.

LE POINT
Du 11 septembre 2001 à la guerre d'Irak

Fraîchement élu, George W. Bush déclare à des étudiants : « A ceux d'entre vous qui ont obtenu honneurs et diplômes, je dis bravo et aux étudiants médiocres, je dis : vous aussi, vous pouvez devenir président des États-Unis. » Le ton est donné.

Le Figaro
William Karel revient sur les mille premiers jours de la présidence américaine

Pendant 90 minutes, les témoins se succèdent, vingt-six au total, pour conforter et étayer ces opinions, dans un nouveau documentaire coup de poing de William Karel (auteur, notamment, de CIA guerres secrètes et des Hommes de la Maison-Blanche).

Ecran Noir
Le monde selon Bush France

1000 jours de présidence. George W. Bush n'est pas n'importe quel leader. C'est aussi le plus contesté. Par un écrivain intellectuel, c'est normal. Par des anciens pontes de la CIA, ça intrigue. Par les faits, c'est gênant. Et quand certains le défendent, cela plombe un peu plus l'héritier du clan Bush. Le cynisme le dispute à la cupidité. Pire, tout cela remonte aux années 40, quand le grand père de "W." était le banquier du IIIème Reich.

hollywood reporter
Frenchman takes own stab at Bush

Le Monde Selon Bush is a scathing attack on Bush's first 1,000 days in power, and chronicles the first family's alleged links with the oil and arms industries.

Libération - Chat Internet
«La liste des mensonges et manipulations de Bush est impressionnante»

Le documentaire de William Karel, «Le monde selon Bush», diffusé vendredi sur France 2, s'inspire des enquêtes de l'écrivain et grand reporter Eric Laurent («La guerre des Bush» et «Le Monde secret de Bush») qui a répondu aux internautes lundi après-midi.

Le monde selon Bush : Extraits de Presse

" Un film époustouflant. Un réquisitoire argumenté, précis, affligeant. On en sort plus accablé que jamais. " Sud Ouest

Paris premiere
Le monde selon Bush, l'avis d'Elisabeth Quin

Le but de Karel n’est pas de prouver que le président des États-Unis est bête par l’examen fasciné de sa physionomie, mais de comprendre qui il est, et ce qui le façonne : une dynastie d’affairistes, avec cette révélation sur le grand père Prescott bush qui aurait été un banquier secret d’Adolf Hitler.

Entretien avec Jean-François Lepetit

Vous êtes avant tout un producteur de films de fiction. Qu’est ce qui a guidé votre envie de produire un […]

Indie Wire
World According to Bush - Hitting U.S. Theaters Ahead of Nov. 2 Election

Just in time to reach moviegoers before the November 2nd election, organizers of the Silver Lake Film Festival will release William Karel's "The World According to Bush" (Le Monde Selon Bush), a French documentary based on the book by Eric Laurent, which delivers a powerful indictment of the U.S. president.

Google condamné pour contrefaçon du film « LE MONDE SELON BUSH » DE WILLIAM KAREL.

Le Tribunal de commerce de Paris a décidé, par jugement du 20 février 2008 que la société GOOGLE, en permettant […]

Communiqué de presse : Flach Film signe un accord avec Dailymotion pour la protection de son catalogue sur la plateforme

Paris, le 15 février 2008. Suite au déploiement sur son site en juillet 2007 d’une technologie de détection et  d’identification […]

Edition spéciale Production TV

La face cachée de George Bush

A quelques mois de la tenue des élections présidentielles américaines, et en attendant le film de Michael Moore consacré à l’actuel dirigeant des États-Unis, la France se penche elle aussi sur le cas George Bush avec un film qui pourrait faire grand bruit : Le Mystère Bush.
Le projet de départ revient au producteur Jean-François Lepetit (Flach Films), qui, découvrant à sa sortie, l’ouvrage d’Eric Laurent, La Guerre des Bush, y a tout de suite vu le point de départ d’un documentaire.

Essentiellement axé autour de Bush, père et fils, leur activités dans le pétrole et leurs conséquence sur la déclaration de guerre des États-Unis à l’Irak, cet ouvrage allait, peu de temps après, être suivi d’un deuxième tome, Le monde secret de Bush, cette fois centré sur les rapports du locataire de la Maison Blanche avec des milieux religieux. De ces deux ouvrages est né ce documentaire qui propose une « autopsie de la présidence américaine pour ne plus se contenter des vérités officielles ».

Aux commandes du film, qui comporte de nombreuses interviews – Richard Perle, Norman Mailer…-, l’on trouve l’éminent documentariste William Karrel, coauteur avec Eric Laurent. Produit pour un montant de 1,9 millions d’euro, le film, en phase de finalisation, a déjà fait l’objet de plusieurs préventes : en Suisse (TSR), en Belgique (RTBF), mais aussi en Australie (SBS). Des négociations sont en cour avec le Japon (NHK) et le Canada (ONF). Deux versions seront disponibles. L’une de 2 fois 52 minutes, à découvrir sur France 2, et une autre de 90 minutes destinée au cinéma.

« J’ai voulu d’emblée une exploitation du film en salle pour l’étranger », souligne Jean-François Lepetit. A l’heure où nous bouclons, on évoque par ailleurs une possible présence au festival de Cannes, dans la sélection officielle mais hors compétition, en remplacement du film de Michael Moore qui ne sera pas près.

 
Interview de Christophe Kechroud-Gibassier

Entretien avec William Karel

Votre film est pour une large part basé sur une enquête menée par Éric Laurent. Comment est-on passé des livres aux documentaires ?
J’ai lu le premier livre d’Éric Laurent, La Guerre des Bush, lorsque je faisais mon précédent film sur la CIA [CIA, guerres secrètes, diffusé sur Arte]. Je venais de terminer le tournage et j’entrais en montage au moment de sa parution. Je l’ai trouvé passionnant.  Au point que je suis même retourné voir l’un des témoins que j’avais interrogés, parce que j’avais appris des éléments nouveaux sur lui. Après le film, j’ai lu le second livre, Le Monde secret de Bush, avec toujours le même intérêt. Et, un matin, Jean-François Lepetit et Agnès Vicariot m’ont appelé pour me dire qu’ils venaient d’acheter les droits et me proposer d’en faire l’adaptation. CIA, guerres secrètes était mon septième documentaire sur les États-Unis, alors je m’étais dit que je commençais à avoir un peu fait le tour de la question… En même temps, ça devenait pour moi comme un feuilleton dont je voulais connaître la suite. Le film a été diffusé au tout début de la guerre en Irak et j’avais très envie de retourner aux États-Unis voir comment les choses évoluaient là-bas. Alors, j’ai accepté.


Avez-vous cherché à retrouver tous les témoins qu’Éric Laurent avait rencontrés pour son enquête ?
Ce n’était pas vraiment possible. Il est beaucoup plus facile d’entrer en contact avec les gens quand on travaille pour la presse écrite. D’abord à cause de la réputation d’un journal (dans le cas d’Éric Laurent, c’était Le Figaro) mais surtout parce qu’on peut les citer sous le couvert de l’anonymat, ce qui est évidemment impossible à la télévision. D’autant que j’ai l’habitude de faire des films qui utilisent des témoignages directs, car je traite de sujets déjà historiques et que les témoins n’ont en général plus de devoir de réserve. Là, on était dans l’actualité immédiate, alors il y a eu tout de suite un certain barrage.Ce qui fait que votre film privilégie les témoignages extrêmement critiques…
C’est vrai, des gens comme Stanley Hoffmann ou Norman Mailer n’ont pas une grande estime pour les Bush, voire les détestent carrément. Il y a aussi ce qu’on peut appeler des « dissidents », comme David Kay ou Joe Wilson, qui ont travaillé pour l’administration de Georges W. Bush mais ont quitté son service. Quant à ceux qui soutiennent Bush et la guerre en Irak, ils ont pratiquement tous refusé de participer. Nous avons essayé vingt fois d’approcher Paul Wolfowitz, à chaque fois on nous a envoyé promener. Je ne vous parle même pas de Bush père… Le pire, c’est Dick Cheney : il est impossible d’approcher qui que ce soit de son entourage.

Et quant aux rares qui ont accepté…
Nous avons obtenu le témoignage de Richard Perle parce que je le connaissais depuis mon précédent film et qu’il a une maison en France, mais surtout parce qu’il n’a plus aucune fonction officielle. Le seul membre « officiel » de l’entourage de Bush qui ait accepté de nous répondre est David Frum, auteur des discours présidentiels et « inventeur » de la formule d’« axe du mal ». Pour d’autres témoins, c’était plus compliqué. Frank Carlucci voulait bien parler mais pas de tout. Hors de question de dire un mot des liens entre Saddam Hussein et Bush père, il était même horrifié qu’on puisse aborder le sujet. Michael Ledeen, ancien conseiller de Reagan, était dans une position plus ambiguë. Il demeure fidèle à Bush père mais n’a pas de sympathie particulière pour son fils. Il voulait bien évoquer du bout des lèvres les armes de destruction massive mais il ne pouvait pas aller beaucoup plus loin. Imaginez : si jamais Bush fils les trouve, il devra expliquer que c’est son propre père qui les a fournies à l’Irak quand il était au pouvoir !

Votre précédent film, Opération Lune, qui relevait surtout de la plaisanterie, a été vu par certains comme une charge anti-américaine. Là, vous aggravez votre cas…
Même si je ne livre jamais directement mon point de vue personnel, il est difficile de rester objectif sur un tel sujet, et d’ailleurs, je ne crois pas beaucoup à l’objectivité en matière de documentaire. Je ne peux pas cacher mon antipathie pour les Bush et pour leur entourage, pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

On peut vous rétorquer que ce ne sont pas eux qui ont mis en place le système dont ils profitent, notamment cette collusion entre le politique et le complexe militaro-industriel. À l’époque des Nixon, des Kissinger, etc., ce n’était guère mieux…
C’est vrai. D’ailleurs, Eisenhower, lors de son discours d’adieu, mettait déjà en garde les Américains contre les dangers que faisait courir à la démocratie la montée de ce complexe militaro-industriel. Mais ce qui a changé, c’est d’abord la place du président. Nixon était un manipulateur sans scrupules, certes, mais c’était surtout un homme très intelligent, qui participait à toutes les décisions prises à la Maison Blanche, qui n’était jamais dépassé par ses conseillers. Quand George W. Bush affirme, ces derniers jours, qu’il n’a pas été informé des cas de torture à la prison d’Abou Ghraib, le pire, c’est que je le crois ! Ce type n’est au courant de rien, la plupart des décisions passent au-dessus de sa tête. Nixon était capable de travailler 23 heures sur 24, lui, il fait des siestes de 5 heures en pleine guerre ! Ce qui est totalement inédit, c’est aussi le poids et l’influence de l’entourage présidentiel. Quand on pense que Bush père siège au conseil d’administration de Carlyle et donc vend indirectement des chars et des missiles au Pentagone destinés à la guerre de son fils ! Que la femme de Cheney est chez Lockheed-Martin, qui vend du matériel militaire à son mari ! Que Cheney lui-même contribue à enrichir Halliburton, dont il a été le PDG ! On croit rêver ! Ces gens font des profits par tous les moyens possibles, sans aucune morale et en toute impunité. C’est pour illustrer cet aspect que je voulais évoquer le conseil d’administration du groupe Carlyle, auquel assistait un membre de la famille Ben Laden, le matin du 11 septembre 2001. En soi, ça ne représente pas grand-chose mais symboliquement, c’est un bon résumé de la situation : au moment où son frère faisait se fracasser deux avions contre les Twin Towers, Shafiq Ben Laden était tranquillement en train de discuter affaire au côté de George Bush Sr.

Tout de même, huit films sur les États-Unis, et pas sur leurs côtés les plus glorieux… Vous avez un problème avec ce pays ?
Eh bien non (rires). J’aime beaucoup ce pays. À cause de ce qu’il a représenté pour les gens de ma génération : un modèle, la source de tous les mouvements d’émancipation et de contestation. Mais aussi parce qu’il est très agréable d’y travailler. Quand je faisais mon film sur les années Giscard [VGE, le théâtre du pouvoir, diffusé sur France 3], c’était un véritable cauchemar d’obtenir des entretiens au sujet d’événements qui ont eu lieu il y a 30 ans ! Aux États-Unis, une fois que les gens ont quitté leur fonction, ils parlent sans aucun problème. Le directeur du FBI qui apparaît dans mon film sur la CIA quittait son poste un vendredi soir. Le samedi, à midi, on commençait l’interview ! Pour les anciens agents de la CIA, c’était un peu plus compliqué parce qu’une loi leur interdit d’écrire même une ligne sans la faire valider par l’Agence. Mais il y a un vide juridique concernant les interviews télé dans lequel ils s’engouffrent. Quand j’allais voir les hommes qui avaient été chargés de préparer l’assassinat de Castro, ils commençaient par me dire « Vraiment, ça vous intéresse encore, ces vieilles histoires ?! », puis, ils racontaient.
En plus de ça, j’adore la politique américaine. Je lis beaucoup, je rassemble de la documentation. Quand on a une autorisation pour rentrer à la Maison Blanche, un badge de 24 heures pour se balader au Pentagone, c’est magnifique. Au moment où je tournais Les Hommes de la Maison Blanche, Clinton venait juste d’arriver au pouvoir, donc il n’entrait pas dans le cadre du film. Mais l’attaché de presse nous a proposé de le suivre pendant une journée… J’ai tout lâché pour y aller. Pour le simple plaisir d’être dans les escortes, de voir comment tout ça fonctionne… Une fascination de gamin.

Donc, malgré tout, vous ne désespérez pas des États-Unis…
Lorsque je considère ce qui est en train de se passer dans la société américaine, du retour aux « vraies valeurs » au film de Mel Gibson, en passant par l’affaire du sein de Janet Jackson, le bannissement du direct à la télé, le limogeage de certains journalistes, le Patriot Act, le soutien indéfectible à Sharon, qui pousse Israël au suicide, etc., je ne peux qu’être affligé, parce que j’y vois un retour en arrière. Mais, par ailleurs, il y a cette manifestation d’un million de femmes qui protestaient contre la modification de la loi sur l’avortement, il y a les films de Michael Moore, il y a le sénateur Robert Byrd, ce type de 85 ans qu’on croirait sorti d’un film de John Ford et qui a prononcé un discours extrêmement violent contre le gouvernement Bush… Je me dis que tout le monde ne dort pas.

Qu’est-ce qu’un film comme le vôtre peut changer ?
Rien. Dans CIA, guerres secrètes, il était question de ce fameux rapport du 6 août envoyé par l’Agence à George W. Bush pour l’avertir de l’imminence d’un attentat terroriste. J’ai rencontré deux directeurs de la CIA qui me l’ont montré – du moins hors entretien, parce qu’il leur était impossible d’en parler –, j’ai utilisé cet élément dans le commentaire, en donnant la date, en montrant la première page, en interrogeant un agent qui l’avait eu sous les yeux… Tout ça devait bien durer 4 minutes, et Arte diffusait ce film à 20 heures 40. Eh bien, c’est passé totalement inaperçu ! Un an plus tard, Le Monde faisait sa manchette en disant « Il paraît qu’il y a un rapport… » ça me met très en colère mais, au fond, j’ai perdu mes illusions lorsque j’ai fait Histoire d’une extrême droite, où je retraçais l’ascension de Le Pen. Parmi les lettres que j’ai reçues, la plupart d’insultes, il y en avait une où une femme me félicitait en disant « Merci de m’avoir ouvert les yeux. Je militais depuis 15 ans pour Le Pen. Je viens de rejoindre Bruno Mégret ! » (rires).

Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier

Entretien avec Eric Laurent

Lorsque vous avez commencé à écrire La guerre des Bush, est-ce que vous pensiez à une possible adaptation au cinéma ou  à la télévision ?


Très franchement non. Je pensais que le sujet - les ambiguïtés, les secrets de la famille Bush - était trop sensible trop délicat et je n’envisageais pas qu’un producteur prenne le risque d’en faire un documentaire. Le premier livre est sorti avant le déclenchement de l’intervention militaire en Irak et rappelez-vous, malgré les oppositions, les opinions publiques se mobilisant contre cette intervention, il y avait tout de même une espèce de consensus autour du bien-fondé de cette intervention, sur la dangerosité de Saddam Hussein. Ce qui me semblait dangereux, c’était le discours de cette administration développant un certain nombre de points, qui se sont révélés mensongers sur la soi-disant menace représentée par les armes de destruction massive.Mais justement je ne pensais pas que mon enquête puisse faire l’objet d’un documentaire et d’une adaptation télévisuelle et cinématographique. J’ai été séduit par la détermination de Jean-François Lepetit qui dès le début du mois de février 2003 a commencé à travailler à l’adaptation alors même que le livre venait juste de sortir et n’était pas encore devenu un succès traduit dans 21 langues.

Comment vous avez collaboré avec William Karel ? Est-ce que vous le connaissiez auparavant ?

Je connaissais William Karel, j’avais vu ses documentaires et notamment sa série sur la CIA ainsi qu’une partie de la série diffusée sur Arte sur Les Hommes de  la Maison Blanche et j’avais trouvé que nos démarches se rejoignaient : une volonté de coller à la fois aux faits et de ne pas se satisfaire de la vérité officielle. Je pense – et c’est le ressort de toutes mes enquêtes - que derrière toute vérité officielle, il existe une réalité cachée et c’est ce que j’ai voulu révéler à propos de Bush et de cette administration qui est totalement atypique.

Nous sommes face à un phénomène tout à fait nouveau en politique : pour la première fois, une administration, composée d’hommes issus d’une extrême droite chrétienne ultra-fanatique et des neo-conservateurs ont pris le contrôle complet de la politique étrangère américaine et  sont aujourd’hui en train de refaçonner totalement les relations internationales.

Nous sommes entrés dans une période tout à fait nouvelle, de profonde instabilité et d’incertitude où le droit international a été nié et bafoué. Ensuite, le choix d’intervenir préventivement ré-instaure complètement le chaos et la loi de la jungle et rend les relations entre pays beaucoup plus imprévisibles et dangereuses : demain au nom de ce principe le Pakistan peut attaquer l’Inde, la Corée du Nord lancer des missiles sur le Japon.

Il faut également souligner que nous sommes face à une extraordinaire succession de mensonges d’Etat, sans équivalent dans le passé.  Un homme comme John Dean qui fut le conseiller juridique de Nixon et le premier à avoir au fond déclenché l’affaire du Watergate en avouant devant une commission d’enquête du Congrès  que  Nixon faisait écouter les conversations téléphoniques à la Maison Blanche, estime : «  si le système américain fonctionne sainement, à terme le président américain devrait être traduit devant le Congrès a et frappé d’impeachment», c’est-à-dire menacé d’une procédure de destitution car, tout de même, la manipulation des faits, le cynisme avec lequel ils ont été proférés sont d’une gravité extraordinaire. Ils ont entraîné un pays et indirectement le reste du monde dans une guerre qui n’était, on s’en rend compte aujourd’hui, nullement justifiée.

Quelles différences entre écrire un livre et élaborer un film  ? quel travail vous avez pu avoir concrètement avec William Karel ?

Sur les livres j’ai travaillé seul mais le travail sur un film est un travail collectif où Jean-François Lepetit et Agnès Vicariot ont tout au long joué un rôle essentiel Et là effectivement, un certain nombre d’obstacles se font jour : il y a des gens qui peuvent accepter de vous parler avant l’écriture du livre mais qui ont refusé lors du tournage parce que le contenu du livre les a probablement dérangés ; d’autres témoins qui avaient accepté de se confier lors de mon enquête mais ont craint  de montrer leur visage devant la caméra. Nous étions face à un certain nombre de paramètres tout à fait différents qu’il a fallu gérer. Mais je pense que William Karel s’en est extrêmement bien tiré.

CAHIER DU « MONDE »

Réquisitoire contre Bush

Réquisitoire contre Bush
William Karel signe un nouveau documentaire, « Le Monde selon Bush », sur France 2, qui révèle la personnalité du président américain et souligne les compromissions et les mensonges de la Maison Blanche, depuis le 11 Septembre jusqu’à la guerre en Irak.

Un dossier accablant
En accumulant les éléments à charge et en faisant défiler de nombreux témoins, le réalisateur

William Karel dénonce, en procureur rigoureux, les tromperies de George W. Bush et de son entourage. Son documentaire Le Monde selon Bush » est diffusé dans « Contre-courant », sur France 2, vendredi 18 juin à 22 h 35. Avant sa sortie au cinéma et son édition en DVD

Dès les toutes premières images, on est fixé. Avant même le générique, William Karel manifeste ses _ mauvaises ? _ intentions, avec franchise. George W. Bush apparaît lors d’une cérémonie sur un campus, revêtu de la toge universitaire. Le chef de la Maison Blanche s’adresse « aux étudiants médiocres » et leur dit : « Vous aussi vous pouvez devenir président des États-Unis… »

Bien sûr, même George W. Bush est capable d’auto dérision. Mais il ne s’agit pas seulement d’humour. Comme certains interlocuteurs de William Karel le souligneront plus tard dans le film, une grande partie de l‘électorat de L’Amérique profonde se reconnaît pleinement dans la simplicité ou le simplisme de ce président, quand une autre partie de l’opinion américaine, représentée ici par l’écrivain Norman Mailer, n’hésite pas à le traiter, ni plus ni moins, de « crétin ». Il faut le savoir : cet homme si décrié, à l’intérieur des États-Unis et beaucoup plus encore à l’extérieur, incarne à sa façon le rêve américain. Tout est possible !

Le Monde selon Bush
Avec Le Monde selon Bush il aurait pu concourir au Festival de Cannes, mais il n’y avait pas place pour deux documents anti-Bush. Dommage ! C’est celui de Michael Moore, Farenheit 9/11, qui a remporté la Palme d’or. Les deux films sont comparables et néanmoins fort différents. William Karel est autrement plus discret que son confrère américain. Contrairement à celui-ci, il ne se met pas en scène et ne se veut pas militant. Certes un réquisitoire est orienté mais l’accusation doit relever d’une démonstration. William Karel a un souci de rigueur qui n’est pas celui de l’auteur-acteur Michael Moore.

Les interlocuteurs de William Karel figurent tous dans un dossier à charge mais tous ne sont pas des ennemis, des amis déçus ou repentis de George W. Bush, tant s’en faut. Le documentariste français fait ainsi appel à deux éminences grises des présidents Reagan et Bush, père et fils, Richard Perle et Franck Carlucci, qui continuent de servir les intérêts du locataire de la Maison Blanche, le premier depuis sa demi retraite du Lubéron, le second à la tête du tout-puissant groupe d’investissement Carlyle, dont les collusions avec la famille Bush sont des plus troublantes. L’impénétrable Franck Carlucci confirme que Shafik Ben Laden, frère d’Oussama et chef d’un consortium familial qui pèse lourd en Arabie saoudite comme aux Etats-Unis, était présent aux côtés de George Bush père, l’ancien président, à la réunion annuelle de Carlyle, le 11 septembre 2001, au moment même où les tours jumelles de Manhattan s’effondraient. Richard Perle, bien que soutenant à fond le recours à la force en Irak ou ailleurs, laisse entendre une méfiance que n’a pas la Maison Blanche à l’égard de l’Arabie saoudite, qualifiée par un autre témoin de « mère nourricière du terrorisme ». De là à penser que l’administration Bush s’est délibérément trompée de cible en frappant l’Irak, il n’y a qu’un pas que William Karel franchit par témoins interposés.

Le documentariste-procureur met la même application à mettre en valeur le soutien déterminant apporté à Bush le Pieux par la droite chrétienne ultra. Celle-ci défend tellement Israël et Ariel Sharon que désormais ceux-ci n’ont plus guère besoin du lobby juif américain. La démonstration est aussi cohérente au sujet des mensonges sur les armes de destruction massive et le lien prétendu entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden qui ont « justifié » la croisade en Irak. A quelques excès près - notamment l’image de George Bush père semblant faire un salut hitlérien, juste après la révélation des affaires faites par le grand père, Prescott, avec les nazis -, ce dossier à charge est aussi confondant qu’accablant. Exemplaire.

C'est un réquisitoire. C’est évident. Il s’agit bien d’une dénonciation en règle du pouvoir de George W. Bush et de l’aventure irakienne, sa grande œuvre. Mais William Karel est un procureur rigoureux. Son dossier est solide. Il fait défiler de nombreux témoins, malgré la difficulté d’en trouver pour une telle entreprise, irrespectueuse et iconoclaste (lire entretien ci-contre). Au fil de ce documentaire, l‘auteur interroge chacun de ces témoins en les convoquant et reconvoquant sans cesse, en les confrontant les uns aux autres selon un montage très serré. On retrouve avec plaisir et intérêt une méthode et une manière qui ont fait la grande réputation de William Karel, en France et bien au-delà de l’Hexagone, depuis Histoire d’une droite extrême jusqu’à CIA, guerre secrète, en passant par Israël-Palestine, une terre deux fois promise, Les Hommes de la Maison Blanche, ou l’étrange et révélateur travail de faussaire que fut Opération Lune. Souvent primé, William Karel vient d’être récompensé au dernier FIPA pour l’ensemble de son œuvre.

Francis Cornu - Le monde télévision
Le 12 juin 2004
Voila

Le Monde selon Bush

Après Michael Moore et son brûlot anti-Bush, palme d'or à Cannes, c'est au tour des Français William Karel et Eric Laurent de montrer leur violent réquisitoire contre le président américain "le monde selon Bush", que la chaiîne publique de télévision France 2 diffusera le 18 juin.D'emblée, l'écrivain Norman Mailer donne le ton. Georges W. Bush, asure-t-il, face à la caméra, est "le président le plus stupide qu'aient jamais eu les Etats-Unis".Ancien reporter-photographe des agences photos Gamma et Sygma, William Karel, qui a réalisé ce documentaire de 90 minutes avec le journaliste Eric Laurent, reconnaît son parti-pris: "Je ne peux pas cacher mon antipathie pour les Bush et pour leur entourage, pour ce qu'ils sont et ce qu'ils font".

Selon lui, le film tourne autour de "deux mensonges": comment on a pu faire croire que Saddam Hussein avait un lien avec le 11 septembre 2001 et comment on a pu faire croire qu'il détenait des armes de destruction massive.

A coup d'interviews, de photos, de films d'archives, le documentaire démontre comment le président américain est manipulé par un puissant courant de chrétiens ultra-conservateurs et un réseau d'hommes d'affaires à la tête des plus puissantes sociétés américaines, enrichis dans le commerce du pétrole et des armes.

Pour les auteurs du "monde selon Bush", rien ne permet de lier l'Irak aux attentats du 11 septembre. L'Arabie saoudite, l'un des plus puissants groupes de pression étrangers à Washington, avec ses énormes moyens financiers, est selon eux, bien plus impliquée que Bagdad.

Souvent puisés dans les livres d'Eric Laurent ("La guerre des Bush", "Le monde secret de Bush"), publiés chez Plon, quelques éléments mal connus refont surface. Le jour même où les avions s'écrasaient sur les tours du World Trade Center, le frère de ben Laden était en réunion dans un grand hôtel new-yorkais avec les dirigeants du groupe Carlyle. Le lendemain de l'attentat, un avion saoudien, le seul à être autorisé à survoler ce jour-là le territoire américain, rapatriait en Arabie saoudite tous les membres de la famille ben Laden présents aux Etats-Unis.

Le film évoque aussi la dynastie Bush, une famille que les auteurs du film n'hésitent pas à comparer aux familles maffieuses. Le grand-père, Prescott Bush, a fait fortune en prenant la direction d'entreprises nazies après l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Quand à George Bush père, il avait donné son accord à l'expédition de souches d'armes biologiques en Irak; il conseille aujourd'hui des firmes qui font des affaires avec le ministère de la Défense, sans s'inquiéter des conflits d'intérêt.

Après son passage à la télévision, le documentaire sera présenté le 23 juin dans une salle parisienne. Il semble peu probable qu'il soit jamais diffusé aux Etats-Unis: seule une petite chaîne du câble, "Sundance Channel", "aurait l'audace de diffuser ce film", selon Yves Jeanneau, responsable de l'unité documentaire de France 2.

10/06 - 09:36

 

la film français

BUSH

Bush sur toutes les bouches. Bush star du petit et du grand écran. Bush propulsé sur la planète Hollywood. C’est le cas de le dire, quelques jours après la venue du président américain en Europe pour la célébration du 60e anniversaire du D-Day, aux côtés des chefs d’État européens et russe… et de Tom Hanks, l’interprète du Soldat Ryan lui aussi présent sur la Côte normande pour l’occasion.


Mais si Georges W. Bush a connu la semaine passée une de ses plus belles heures de gloire médiatique, grâce aussi au vote par l’ONU de sa résolution pour l’Irak, l’avenir lui réserve encore quelques gros plans, plus cinématographiques et autrement plus réalistes… mais moins valorisants.


Deux films lui donnent en effet “la vedette” à huit jours d’intervalle : outre Fahrenheit 9/11 qui sort bien aux États-Unis le 25 juin, sur plus de 1 000 copies et, à partir du 7 juillet en France sur pas moins de 250 écrans (puis le 9 du même mois en Grande-Bretagne, le 16 en Allemagne, le 23 en Espagne, et en août au Japon et en Italie), un autre documentaire apporte un éclairage tout aussi révélateur et passionnant.


Le monde selon Bush de William Karel, diffusé le 18 juin sur France 2, cinq jours avant une sortie en salle judicieusement désirée par son producteur Jean-François Lepetit, se voit comme la plus haletante des fictions, avec son lot de personnages dignes du Parrain, de témoignages incroyables mais vrais, de rebondissements auxquels les meilleurs scénarios d’espionnage n’ont rien à envier. Plus enquête que pamphlet, ce film français est complémentaire de la Palme d’or emportée par le trublion américain Michael Moore. Et prouve, si besoin en était encore, l’urgence d’un regard sur le monde autre que celui bien aseptisé, voire déformant, des journaux télévisés, comme l’intérêt à ce que le cinéma se mêle parfois de la réalité. Même si, contrairement à Ronald Reagan disparu cette semaine, George Bush n’aura pas droit, lui, à son nom gravé sur les célèbres étoiles de bronze et de marbre rose incrustées dans le trottoir d’Hollywood Bld.



 

Editorial de Sophie Dacbert - 11 juin 2004

 

Le monde télévision

Interview de William Karel

Comme Michael Moore, vous avez réalisé un film sur George W. Bush. Comment est né votre projet ?
C’est une commande. Jean-François Lepetit m’a demandé si je voulais faire un film à partir des deux livres d’Eric Laurent, La Guerre des Bush et Le Secret des Bush (Plon). Le premier m’avait servi pour le dernier volet de ma série sur la CIA. Le deuxième m’a appris des choses que j’ignorais, sur les relations de Prescott Bush, le grand-père, avec les nazis et le chapitre sur la « mission divine » de Bush junior. Je m’étais fixé de ne plus tourner sur les États-Unis, ce qui me frustrait évidemment car CIA, guerres secrètes s’arrêtait à la veille de la guerre en Irak. J’ai donc accepté et, en quelque sorte, repris le feuilleton.

Vous avez dit que cela avait été un enfer pour obtenir des témoins...
Le principe de mes films, c’est l’histoire racontée par les témoins directs. Mais là, je traite de l‘actualité immédiate et il est beaucoup plus difficile de faire parler des témoins devant une caméra que pour un livre. Je ne me suis pas rendu compte que pour l’entourage direct du président, ma demande était inacceptable. On a pris contact avec une trentaine de personnes. Le premier cercle, les Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul wolfowitz, Condoleezza Rice, a refusé. Mais - surprise ! - le deuxième cercle aussi, les conseillers, les Karl Rove, Andrew Card. Pas d’entretiens sans l’aval de la Maison Blanche !

Quelles sont les règles aux Etats-Unis ?
Les hommes politiques en activité sont soumis au devoir de réserve, mais ils peuvent parler dés qu’ils quittent leur poste, à condition de ne pas faire de révélations susceptibles de mettre en danger la sécurité du pays. C’est ainsi qu’on a eu David Frum, qui venait de quitter Bush pour rejoindre le secteur privé. C’est lui qui a inventé la célèbre formule de l’ « Axe du Mal ». Il a pu nous parler des prières collectives avant les réunions à la Maison Blanche et de la manière dont se préparaient les discours du président. Richard Perl, lui, a accepté de témoigner parce que je le connaissais d’un précèdent film, Les Hommes de la Maison Blanche, et parce qu’il n’a pas de fonction « officielle ». On a attendu qu’il vienne dans le Luberon, où il vit six mois par an. Parmi les « proches » du président, on a eu ceux qui sont devenus des « dissidents », tels Joe Wilson, chargé de savoir si Saddam Hussein avait acheté de l’uranium enrichi au Niger, ou David Kay, alors à la CIA, à qui on a demandé de trouver les armes de destruction massive de Saddam. Le film s’est donc partagé entre quelques témoins directs et des écrivains ou historiens comme le romancier Norman Mailer, qui vient de publier un livre sur la folie de partir en guerre à Bagdad, ou Stanley Hoffman, de Harvard, auteur du 11 septembre, une divine surprise, des analystes très critiques.

Quelle est votre méthode pour les entretiens ?
Choisir des thèmes. Il y avait vingt points que je voulais traiter avec les témoins. Un des reproches faits à Michael Moore, qu’on pourrait m’adresser, c’est « l’effet zapping ». Chaque thème est assez riche pour constituer un film en soi : La religion, le Patriot Act, les liens entre la famille Bush et l’Arabie saoudite, la façon dont l’équipe de Bush a réussi à faire croire que Saddam Hussein était derrière les attentats du 11 Septembre. Pareil pour le témoignage de Hans Blix. Il était désespéré. Il a été traîné dans la boue par Paul Wolfowitz et l’objet de rumeurs ignobles sur sa vie privée.

Quand avez-vous su que Michael Moore tournait un film comparable au vôtre ?
Dés ma première rencontre avec Frank Carlucci. Il m’a dit que Michael Moore faisait un documentaire sur la famille de Ben Laden. Il a ajouté qu’il ne lui parlerait jamais. « Je ne reçois pas les gauchistes », a-t-il dit sur le ton de la plaisanterie. Comme si j’étais du Parti républicain…

Dans le climat actuel aux Etats-Unis, le fait d’être français vous a-t-il gêné ?
Jamais. J’ai un passeport suisse. Mais je pense surtout qu’ils ne nous prennent pas vraiment au sérieux.

Pourquoi d’anciens membres de la CIA acceptent-ils de vous parler aussi longuement ?
Parce que personne ne les interroge, ne va les voir. Ceux qui sont très critiques ne s’expriment nulle part. Ils sont ravis de pouvoir parler !

Pourquoi un homme aussi influent que Frank Carlucci vous a-t-il reçu ?
C’est un des hommes les plus puissants de Washington –à la CIA, on l’appelle Don Corleone ! C’est la troisième fois que je le vois. Mystère ! Je l’ai pourtant toujours prévenu des sujets qu’on allait aborder. Par exemple, sur le fait que Bush père siège au conseil d’administration du groupe Carlyle, dont une filiale vend des chars et des missiles au Pentagone avec l’aval de son fils. Cette fois, c’était pour lui demander si, lorsqu’il était secrétaire à la Défense sous Reagan, il avait livré de l’anthrax à Saddam Hussein et si, à la réunion annuelle du groupe, qui avait eu lieu le 11 septembre 2001, à 9 heures du matin, il y avait bien un frère de Ben Laden, Shafiq Ben Laden, parlant affaires au côté de George Bush Sr. Je lui ai écrit. Une semaine après, il m’a dit : « Vous pouvez venir ».

Le deuxième ouvrage d’Eric Laurent est davantage centré sur les relations avec Israël. Comment avez-vous travaillé avec lui ?
Les livres d’Eric Laurent ont nourri mon film, mais on n’a pas travaillé ensemble. Toutefois, Eric Laurent connaissant Ariel Sharon, on a essayé pendant six mois d’obtenir un entretien avec lui et avec un de ses ministres pour parler des relations avec le gouvernement Bush. Ils ont répondu qu’ils n’avaient pas le temps. Du coup, on a réduit cette partie.

Comment définissez-vous votre démarche : documentaire politique ? Pamphlet ?
Ni film à charge, ni pamphlet. Michael Moore a le culot phénoménal de prendre position. Il est américain, engagé dans la campagne électorale avec les démocrates. Pour moi – c’est ma conception du documentaire -, le commentaire ne prend pas parti : il apporte des faits, des chiffres. J’aurais adoré pouvoir dire que Rumsfeld et Bush sont des fous dangereux, que leur soutien inconditionnel à Sharon est le pire service qu’on puisse rendre à Israël, mais je ne l’ai jamais fait, dans aucun film. Certes je m’abrite derrière des témoins qui vont dans le sens de ce que j’aurais envie de dire… J’essaye de faire le bilan des 1 000 jours de Bush, de juxtaposer les erreurs ou horreurs commises. Il n’y a pas de révélations fracassantes mais disons que, mises bout à bout, toutes ces choses prennent une petite force.

Croyez-vous au pouvoir d’un film ?
Absolument pas. Le Monde a publié récemment l’information selon laquelle un rapport du 6 août 2001 s’était trouvé sur le bureau de la Maison Blanche, disant, avant les attentats du 11 Septembre, que des terroristes allaient détourner des avions de ligne pour s’en servir comme armes aux États-Unis. Quand j’ai révélé ces faits, confirmés par deux anciens directeurs de la CIA, dans CIA, guerres secrètes, diffusé il y a un an sur Arte, il n’y a pas eu une seule ligne dans les journaux. Un an après, c’est devenu un évènement.

Propos recueillis par Catherine Humblot
Le monde télévision

Un budget de 500 000 euros et huit mois de tournage

Jean François LEPETIT aurait bien aimé que Le Monde selon Bush soit retenu à Cannes. Le producteur de Flach Film a envoyé une copie du documentaire de William Karel à l’équipe de sélection du festival, qui le prévient que le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11, sur le même sujet, est attendu et qu’il ne pourra y avoir deux films contre George W. Bush.

Au tout dernier moment, le producteur apprend le choix du film américain. « Un peu dur » pour celui qui a produit Trois hommes et un couffin, Sous le soleil de Satan, Romance ! Il trouve que le film de Karel « n’est pas démagogique », qu’il est « plus rigoureux et dense ».

Le projet remontait à février 2003. Jean-François Lepetit lit dans l’avion La Guerre des Bush, d’Eric Laurent, qui révèle d’étranges zones d’ombre autour du conflit en Irak. "Ce livre m’a confirmé dans ma révolte face à tout ce qui se passait, dit le producteur. J’ai aussitôt eu envie d’en faire un film dont l’impact serait plus grand". Il appelle l’auteur, qui prépare un deuxième livre, Le Secret des Bush. Il achète les droits des deux ouvrages et contacte des cinéastes, Barbet Schroeder, Costa-Gavras et Karel. Ce dernier est disponible. Différentes chaînes sont contactées. Yves Jeanneau, responsable de l’unité documentaire de France 2, réagit le premier et apporte 150 000 euros dans une production dont le budget, un peu plus gros que d’habitude pour un 90 minutes, s’élève à près de 500 000 euros (sans compter les ventes, il y aura des préachats de télévisions suisse, belge et australienne). William Karel commence le travail en septembre. Le tournage s’étale sur huit mois. Le producteur sait que le réalisateur a besoin de prendre ses distances par rapport aux livres et de faire « son » film.

Cinq jours après sa diffusion sur France 2, le documentaire de William Karel sortira au cinéma (mercredi 23 juin à Paris). Deux DVD sont prévus (Editions Montparnasse). Le premier, début juillet ; le deuxième, en octobre, plus complet (format 2 × 52 minutes, avec des bonus). L’éclat de la Palme d’or ne gène-t-il pas la sortie du film de Karel ? « C’est un peu plus difficile d’exister », répond le producteur.

Propos recueillis par Catherine Humblot
12 juin 2004
SUDOUEST

Le règne du mensonge

C'est un réquisitoire argumenté, précis, affligeant. Si encore William Karel et Eric Laurent jouaient avec les a priori. Mais leur enquête sur George W. Bush et son système s'appuie seulement sur des faits avérés, des témoignages crédibles. Heureusement, on y découvre aussi que les Etats-Unis sont multiples et que nombre de ses habitants sont debout, bien décidés à lutter contre les illuminés, les menteurs, les affairistes qui, pour l'heure, tiennent le haut du pavé.

« Une mission divine ».
Après le 11 Septembre, Bush a profité de la tétanie du pays pour pousser ses pions. Dès lors, toute critique à son encontre passait pour antiaméricaine. Le seul élu qui s'est alors dressé devant un Sénat aussi muet que des élus (?) d'un parti unique fut Robert Byrd, un vieillard de 85 ans, républicain et ami de Bush père. Il faut vivre ce grand moment : « Ce gouvernement est cynique et arrogant, qui a appliqué une politique désastreuse dont nous récolterons les fruits pendant des années », lance le sénateur à une assemblée accablée. « Les déclarations de ce gouvernement sont révoltantes et, pourtant, cette assemblée reste désespérément silencieuse. » Silencieuse, on ne saurait mieux dire.
« Le Monde selon Bush », tel que le dépeignent les deux auteurs du documentaire diffusé par France 2 vendredi, est une drôle de planète. On y trouve d'abord des religieux tendance fêlés dangereux. « Bush a vraiment rencontré Dieu », affirme sans rire un télé-évangéliste. « Il est investi d'une mission divine. » On voit le chef du renseignement du Pentagone pas le premier venu prêcher en uniforme et dévoiler une photo sur laquelle apparaît le démon lui-même. Mais oui. En fait, il s'agit d'un avion espion. Face à un public crédule, ce sont des approximations qui passent. Pour d'autres prétendus chrétiens, Sharon n'est rien moins que « l'homme choisi par Dieu pour accomplir la prophétie de la fin des temps ». En réalité, ces néochrétiens, faux amis d'Israël, espèrent bien convertir les juifs juste avant le Jugement dernier.

« Une catastrophe utile ».
Deuxième axe pris par Karel pour démonter le système Bush : les mensonges et les omissions à l'égard de l'Irak. « Le 11 Septembre, ce n'était pas une attaque, c'était un cadeau », relève Robert Stelle, un ancien agent de la CIA. « C'était une catastrophe utile aux gens du pouvoir qui pataugeaient depuis neuf mois », s'indigne l'écrivain Norman Mailer. Enfin, Bush Junior tenait son prétexte pour « refaire une carte politique du Moyen-Orient pure, nette et simple », selon le diplomate Joseph Wilson, ce proche de Bush dont l'épouse, agent de la CIA, paya cher le refus de son mari de trouver des preuves d'achat d'uranium par l'Irak.

Troisième volet, l'affairisme : jamais, dans l'histoire des Etats-Unis, un président et son entourage n'auront paru autant magouiller. L'occasion pour Karel de révéler les liens entre le grand-père Bush et les nazis, dont il était le banquier. Mais aussi de rappeler ceux unissant l'administration au pouvoir avec les Saoudiens. Utile révélation : le seul avion civil qui fut autorisé à voler dans le ciel américain désert du 12 septembre était celui du frère d'Oussama Ben Laden, qui ramenait au pays tous les membres du clan.

Novembre 2004.
Face à ce président qui n'était jamais sorti des USA avant son élection, face à tous ceux qui l'entourent et parce qu'il ne faut jamais désespérer de l'Amérique, des citoyennes et des citoyens se lèvent et pointent du doigt les errements de l'administration au pouvoir. Avec l'ambition de convaincre la majorité silencieuse que Bush et ses sbires constituent un danger pour l'Amérique. Pour que, peut-être, en novembre 2004, le destin du monde ne tienne pas au comptage discutable de quelques centaines de bulletins de vote en Floride.

Sur France 2, vendredi 18 juin à 22 h 35. A partir du mercredi 23 juin au cinéma.

Jean-paul Taillarda - Jeudi 17 juin 2004
LE POINT

Du 11 septembre 2001 à la guerre d'Irak

Le 18, F2 (22 h 35), documentaire (sortie cinéma le 23 juin).


Fraîchement élu, George W. Bush déclare à des étudiants : « A ceux d'entre vous qui ont obtenu honneurs et diplômes, je dis bravo et aux étudiants médiocres, je dis : vous aussi, vous pouvez devenir président des États-Unis. » Le ton est donné. Le film de William Karel (portrait p.112) analyse sans complaisance les mille jours qui séparent les attentats du 11 septembre 2001 de la guerre d'Irak. Il met en lumière comment l'entourage de Bush - les néoconservateurs, les « faucons » - a pris le contrôle de la politique étrangère et comment il manipule le président. « Ce type n'est au courant de rien et la plupart des décisions passent au-dessus de sa tête », explique Karel. 

A partir des deux livres d'Eric Laurent, « La guerre des Bush » et « Le monde secret de Bush » (Plon), le réalisateur a réuni des témoignages comme celui de Norman Mailer - « Nous avons le pire président de l'histoire des États-Unis » - ou de Stanley Hoffmann, Robert Steele, ex-agent de la CIA, les dissidents de l'administration Bush David Kay et Joe Wilson, etc. Quant à ceux qui soutiennent Bush, ils sont peu nombreux à parler - le conseiller Richard Perle, David Frum, auteur des discours, ou Viet Dinh, créateur de la Patriot Act II, loi sécuritaire restreignant les libertés individuelles.

 

Derrière ce réquisitoire apparaît le parcours de la famille Bush : le grand-père, Prescott, qui a fait fortune avec les nazis, le père, qui a armé Saddam Hussein et était en affaires avec les Ben Laden. Le film se termine sur les banderoles virulentes des manifestations anti-Bush. Un potentiel prêt à la relève.

Odile Tessier

© le point 17/06/04 - N°1657 - Page 115 - 297 mots

 

Le Figaro

William Karel revient sur les mille premiers jours de la présidence américaine

France 2 Bush, la «marionnette»

Ça commence fort. En guise de préambule, avant même le générique, Norman Mailer attaque : George W. Bush est «le pire président de l'histoire des États-Unis. Il est ignorant, arrogant (...), un crétin». L'écrivain est suivi par Robert Steele, ancien agent de la CIA : «Nous avons élu un président marionnette.» Pendant 90 minutes, les témoins se succèdent, vingt-six au total, pour conforter et étayer ces opinions, dans un nouveau documentaire coup de poing de William Karel (auteur, notamment, de CIA guerres secrètes et des Hommes de la Maison-Blanche). Une véritable essoreuse, qui tourne en superpuissance pour dresser un portrait implacable de l'Administration américaine : corruption, mensonges, manipulations... Et un chef d'État qui semblerait totalement dépassé par les événements, souvent au courant de rien, devenu président des États-Unis sans savoir pourquoi, en remportant «les élections les plus controversées de l'histoire des États-Unis» en janvier 2001.

Diatribe anti-Bush ? Film activiste à la manière d'un Michael Moore ? «Non !, rectifie William Karel, qui réalise avec ce Monde selon Bush (1) un cinquième documentaire sur les coulisses du pouvoir américain. Michael Moore, lui, s'est donné une mission avec ses films militants, notamment avec le dernier, Farenheit 9/11 : empêcher la réélec tion de Bush. Ma démarche n'est pas la même. J'ai voulu raconter une histoire, faire l'autopsie des mille premiers jours de la présidence de Bush à travers les propos d'intellectuels, de journalistes, d'anciens de la CIA, de politiques... Je n'ai jamais pris position dans mes commentaires, ajoutés pour préciser un fait. Pour autant, ce n'est pas un documentaire objectif puisque j'ai choisi les morceaux que je gardais. Parfois un témoin me parlait pendant une heure ou deux et je n'ai gardé que trois ou quatre minutes d'interview...»

Pour réaliser son film, William Karel s'est basé sur les deux enquêtes du journaliste Éric Laurent, publiées chez Plon (La Guerre des Bush et Le Monde secret de Bush). «J'ai trouvé ses livres passionnants, dit le réalisateur. Et quand Jean-François Lepetit et Agnès Vicariot (Flash Film) m'ont proposé de l'adapter, j'ai tout de suite accepté. Sachant que bien évidemment j'allais trahir Éric Laurent. Il avait écrit 500 pages, et 90 minutes de téléfilm ne représentent qu'une trentaine de pages !» William Karel a choisi de développer certains points précis des ouvrages d'Éric Laurent, comme la politique de Bush à l'égard d'Israël, son soutien indéfectible à Ariel Sharon et sa folie de la religion – il bénit et prie dans chacun de ses discours et encourage son gouvernement à faire de même, dit qu'il a rencontré Dieu, que la foi a changé sa vie et encore : «Je suis investi d'une mission divine, promouvoir une vision biblique de la politique menée par les États-Unis»...

Le réalisateur est également allé plus loin en développant des faits nouveaux – les livres du journaliste s'arrêtent avant la guerre en Irak. On découvre, par le biais des témoignages qu'il a recueillis, la volonté de l'Administration Bush – pour en finir avec Saddam Hussein –, de lui faire endosser la responsabilité des attentats du 11 septembre en créant un lien fictif entre le dictateur et al-Qaida. On découvre aussi le rapport «Patriot Act», concocté par un membre du ministère de la Justice, Viet Dinh, et pointé du doigt par le Centre pour l'intégrité publique : on demande aux Américains de se transformer en délateurs, «vingt-quatre heures sur vingt-quatre».
Et que dire de cette information sidérante ? : le 11 septembre 2001, à Washington, avait lieu, au Ritz-Carlton, l'assemblée générale du fonds d'investissement Carlyle en compagnie du frère d'Oussama Ben Laden... pour qui a ensuite affrété un Boeing afin qu'il puisse regagner l'Arabie saoudite avec sa famille, alors que l'espace aérien était strictement fermé.

Le documentaire de William Karel regorge d'informations et de faits troublants, notamment sur le passé et les liens du grand-père de Bush avec les nazis... «Je suis le dernier naïf à croire que Bush ne sera pas réélu...», dit le réalisateur. Malheureusement, son excellent documentaire ne sera sans doute pas diffusé aux États-Unis pour donner du grain à moudre aux Américains qui sont de plus en plus nombreux à souhaiter la même chose.

(1) Le documentaire sort en salles mercredi prochain et en DVD le 1er juillet (éditions Montparnasse).

«LE MONDE SELON BUSH», France 2, 22 h 35

Isabelle Nataf

18-06-2004
Ecran Noir

Le monde selon Bush France

L'histoire

1000 jours de présidence. George W. Bush n'est pas n'importe quel leader. C'est aussi le plus contesté. Par un écrivain intellectuel, c'est normal. Par des anciens pontes de la CIA, ça intrigue. Par les faits, c'est gênant.
Et quand certains le défendent, cela plombe un peu plus l'héritier du clan Bush. Le cynisme le dispute à la cupidité. Pire, tout cela remonte aux années 40, quand le grand père de "W." était le banquier du IIIème Reich.

Le Buzz

Le documentaire est diffusé sur France 2 le vendredi 18 juin, sera en salles le 23 juin et sortia en DVD dès le 30 juin.
On y voit Norman Mailer, écrivain, et Hans Blix, chef inspecteur à l'ONU. Mais aussi Richard Perle, éminence grise du Président comme Robert Steele, agent de la CIA chargé des opérations clandestines, un télé-évangéliste et un ancien conseiller de Reagan, des journalistes et un historien, des universitaires et le rédacteur des discours présidentiels...
William Karel, grand admirateur et observateur de l'Amérique, est devenu un documentariste réputé, après une décennie de reporter photographe dans les agences Gamma et Sygma. On lui doit des docus sur Jean Moulin, Valéry Giscard d'Estaing, la CIA, Mitterrand, les coulisses de la Maison Blanche, l'Extrême droite, la rafle du Vel d'Hiv, Staline... toujours à fouiller le pasé pour extraire de la vérité. Pour ce film il s'est servi de deux livres : Le monde secret de Bush et La Guerre des Bush. Les deux sont écrits par Eric Laurent, "terroriste" selon le conseiller de Bush, Mr. Perle. E. Laurent a participé à l'écriture du film. Grand reporter, il couvre tous les conflits des années 70 et du début des années 80. Dès 85, il commence à interviewer les Saddam, Kadhafi et autres Reagan. Avant de rédiger des essais sur les Guerres des années 90, ou leurs maîtres.
Le film a failli être à Cannes. Hors Compétition. Mais la condition sine qua non était que le Moore ne soit pas prêt. De par son format télé, il était difficile de le placer en compétition officielle. Les deux, selon nous, auraient été complémentaires. D'autant que les Etats Unis n'ont pas encore décidé de le diffuser.
George W. Bush brigue sa ré-élection cette année. Un grand nombre de livres et plusieurs films documentaires , tous très critiques sur cette présidence, en profitent pour sortir en salles ou en librairie.

La Critique

BANANA REPUBLIC

Geroge W. Bush : "- Aux étudiants médiocres : vous pouvez devenir Président des Etats Unis."

Sujet passionnel par exellence : un homme puissant et plus que controversé attirant autant la haine de ses adversaires que l'admiration de ses fans. Un bon documentaire permet de mieux comprendre une personnalité, des faits ou encore un phénomène. Ici les trois se mélangent à travers un puzzle de propos recueillis sous formes d'interviews. Le travail est rigoureux. Ici, aucun motif de divertissement. Il n'y a rien de ludique. Nous sommes à l'opposé des documentaires grand public de Michael Moore. Et, si nous devions les comparer, celui de Karel l'emporte sur deux points essentiels : l'efficacité du message et l'authenticité du propos. Bien sûr, cinématographiquement, Moore explore davantage l'écriture hollywoodienne pour mettre en scène sa vision de l'histoire.
Ici Karel se cache derrière la parole des autres. Pour tout démocrate, pour tout citoyen libre, certaines feront froid dans le dos. Tant de cynisme, d'arrogance, de stupidité, de corruption, démontre à quel point notre civilisation est en décadence, part en déliquescence. Tous ces témoignages irriguent notre cerveau et nous font réfléchir à l'attitude récente de nos chefs d'état (il serait intéressant de faire la même chose sur la machine RPR ou sur Blair).
Bush, à l'instar du portrait de Moore, est clairement vu comme un crétin, une marionnette, un ignorant, un être peu curieux et inattentif. Il a pour lui quelques atouts : Dieu, les dollars, l'absence de scrupules. Menteurs, illuminés, ces nouveaux croisés ont des convictions primaires : Mahomet est vu comme un terroriste, et Israël est traité comme le cinquante et unième état des USA.
Nous ne sommes pas surpris. Le documentaire agit plutôt comme une piqure de rappel pour ceux qui sont bien informés. Ce mélange de croyances religieuses et d'ignorance historique, cette méconnaissance du monde (Bush n'avait jamais eu de passeport avant d'être président : seulement 7 millions d'Américains en ont un!) et ces manigances pour détourner la vérité, toutes ces combinaisons expliquent, justifient, nourrissent notre refus d'accepter cette "gouvernance".
Car, bizarrement, Karel tient le même discours que Moore : avant le 11 septembre, c'était une présidence en déshérence. Cadeau inespéré, les attentats ont servi de déclic à l'action d'un Bush, formaté pour faire du fric ("Ils achètent le pétrole pour un euro et le revendaient pour trois."). Outre le pétrole (et les amitiés louches avec les Saoudiens) il alimente aussi le complexe militaro-industriel, dont certains de ses amis font partie. Tout n'est qu'une histoire d'enrichissement personnel. Point d'éthique. On y met les moyens : une communication hollywodienne, avec slogans et méchants de service. L'ambition de redessiner la carte du Moyen Orient est d'inspiration messianique, mais les objectifs de chacun est de s'en foutre plein les poches.
C'est là que le documentaire prend son élan : avec la personnalité de Robert Carlucci, président du groupe Carlyle, dont Bush senior et un membre de la famille Ben Laden sont membres. Ici, tout un système se révèle : un ancien de l'équipe Reagan, qui a embauché le père Bush et qui font des affaires avec des entreprises d'armement...Le monsieur a l'air d'un vieux parrain de la Mafia, faux cul et macchiavélique. A l'opposé du doyen du congrès, grandiloquent et presque grotesque. Et pourtant! Quelle éloquence! Quelle dureté quand il attaque l'exécutif avec des mots simples et une analyse précise. Nous voici parmi un régime digne de l'URSS ou des Talibans. Avec quelques Etats qui pratiquent la désobéissance civile face à un Patriot Act proche des méthodes staliniennes.
Tout cela croise évidemment les autres ouvrages littéraires ou audiovisuels sur ce Bush Junior. Comme Moore, il s'attaque à une élection volée en 2000, à cette loi patriotique incohérente et absurde, à ces liens consanguins entre les religieux, les militaires, les conservateurs et les gens du pétrole. Rien de nouveau si ce n'est une mise en perspective sans concessions décrivant un aveugle au milieu des sourds. Tout cela a une origine : Bush, le grand père, qui gérait l'argent des Nazis et des Thyssen. Un paradoxe quand on sait que le petit fils a l'appui de la communauté juive américaine. Mais qui le sait tout ça aujourd'hui?
Face aux mains sales de Bush, tout est entre les mains du peuple. Car le pessimisme pointe derrière ces mines déconfites, graves, angoissés, enragées : "Si l'information est l'oxygène des Etats Unis, alors nous venons d'être gazés." Rien ne dit que Bush ne sera pas réélu... "Les USA ont créé leurs propres ennemis."

Sortie France le 23 juin 2004

http://www.ecrannoir.fr/films/04/mondeselonbush.htm
hollywood reporter

Frenchman takes own stab at Bush

PARIS - When Fahrenheit 9/11 was selected for the Cannes film festival, another documentary about George W. Bush was waiting in the wings in case Michael Moore's film wasn't ready in time. "The organizers were keen to include our film in the Official Selection but felt it was politically incorrect to have two anti-Bush documentaries at Cannes," says Jean-Francois Lepetit, whose Flach Film produced Le Monde Selon Bush (The World According to Bush).




Directed by seasoned documentary maker William Karel, the 90-minute film could scarcely be more different to Moore's pamphlet that went on to win the Palme d'Or. Karel's style is sober, eschewing humor and stunts in favor of heavyweight interviews. Le Monde Selon Bush is a scathing attack on Bush's first 1,000 days in power, and chronicles the first family's alleged links with the oil and arms industries.Originally made for French pubcaster France 2, the documentary premiered on television last Friday, but in an unusual move will open theatrically in France on Wednesday. "We wanted to give the film a wider audience," Lepetit explains.

Inspired by journalist-author Eric Laurent's two books on the Bush administration, Le Monde Selon Bush is the fifth film by Karel examining American political power. The Tunisian-born Swiss director insists he "adores" America, but chose to make the film because "it's a true story stranger than fiction."

Spending more than eight months battling "the veil of secrecy" surrounding those in office, Karel managed 26 detailed interviews, with personalities including Secretary of State Colin Powell, neo-conservative Richard Perle, former CIA directors James Woosley and David Kay, writer Norman Mailer, academics and journalists. "I was amazed how willing some people were to be interviewed, straight after they had left government and were no longer bound by secrecy laws," Karel says.

The €500,000 ($605,000) film covers many topics, including how the "Christian right Israeli lobby" has influenced U.S. policy in the Middle East and how the Sept. 11 attack gave a "clueless" Bush his raison d'etre -- the "crusade" against terrorism, the "false pretext" under which the second war on Iraq was waged, and the "big lie" linking Saddam Hussein to Sept. 11. The film illustrates how George Bush Sr., first as vice president and then as president from 1988 to 1992, armed and financed Hussein. The Bush family's alleged ties to the Bin Laden clan and Saudi Arabia are also examined.

Karel insists his film is not a French diatribe against America but rather a gathering of eyewitness accounts from Americans who lived through the times. "To think President Richard Nixon was impeached because of three tapes!" Karel exclaims. He hopes the film will be seen in the United States. "None of my films have made it to the U.S., but I'm hopeful that this one will," he says.

Shiraz Sidhva - 24/06/2004

 

Libération - Chat Internet

«La liste des mensonges et manipulations de Bush est impressionnante»

Le documentaire de William Karel, «Le monde selon Bush», diffusé vendredi sur France 2, s'inspire des enquêtes de l'écrivain et grand reporter Eric Laurent («La guerre des Bush» et «Le Monde secret de Bush») qui a répondu aux internautes lundi après-midi.

 

Ines.b: Bonjour, documentaire de William Karel, film de Moore, les brûlots se succèdent contre Bush. Quel est leur véritable effet sur l'opinion américaine? Celle ci est-elle en train de réaliser qui est son président? Au point d'en changer en novembre ?
Eric Laurent: Il y a indiscutablement un revirement dans une partie de l'opinion américaine qui s'inquiète des entorses répétées aux règles élémentaires de la démocratie et de l'éthique politique pratiquée par Bush et son administration. La liste des mensonges et des manipulations qui se sont succédées depuis quatre ans est impressionnante: liens supposés entre Al-Qaeda et Saddam Hussein, responsabilité de ce dernier dans les attentats du 11 septembre, pseudo armes de destruction massive, en sont les exemples les plus frappants.


 

Looola: Comment un Français peut-il enquêter sur le président américain? Avez-vous eu plus de problèmes que vos collègues américains?
J'ai vécu et travaillé aux Etats-Unis, notamment à Washington, et j'avais tissé des liens avec des membres de l'actuelle administration. Le véritable problème était moins l'accès à des sources d'informations confidentielles que la passivité de la plus grande partie de la presse américaine à cette époque qui n'a ni cherché ni tenté d'exhumer des informations désobligeantes ou compromettantes sur le Président américain et sa famille.


 

Maou: Vous dites que Richard Perle avait assimilé votre livre à du «terrorisme». Comment cette menace s'est matérialisé et que pensez vous du conseiller de Bush, qui semble tout de même intelligent?
La menace ne s'est pas matérialisée, mais elle a fait l'objet d'une déclaration publique de Perle au cours d'une émission télévisée. Vous avez raison, la plupart des hommes qui entourent le président américains sont intelligents, ce qui les rend d'autant plus dangereux. Ils fonctionnent en réseau, ils se connaissent depuis 30 ans, poursuivent les mêmes objectifs politiques et pratiquent avec un art consommé la manipulation et la désinformation.


 

Didoo: Comment des membres de l'administration Bush peuvent-ils vous donner des arguments contre sa version des faits?
Pour une raison simple, même à des échelons élevés, certains membres de l'administration qui n'appartiennent pas au groupe des conseillers restreints du président, désapprouvent fortement les choix et les orientations politiques du président américain et de ses proches. Ils considèrent cette politique comme dangereuse, aventuriste et contribuant de plus en plus à isoler les Etats-Unis sur la scène mondiale. Ce sont pour ces motivations qu'ils ont parlé.


 

Patrick: Est-ce que des anciens pro-Bush ont fini par cracher le morceau?
Cette administration est en réalité extrêmement soudée. George W. Bush privilégie l'obéissance et la fidélité sur l'honnêteté. Le vice-président Cheney est impliqué dans de nombreuses affaires à travers la société qu'il présidait, Halliburton. C'est également le cas de M. White, secrétaire d'Etat à l'armée, qui était un des dirigeants du groupe Enron, qui a fait l'objet d'une gigantesque faillite frauduleuse. Cependant, ces hommes n'ont jamais été inquiétés par le président. Par contre l'ancien ministre des Finances, M. O'Neill, qui a démissionné et écrit un livre extrêmement dur sur Bush, a fait l'objet de nombreuses menaces.


 

aldo: «Quand on pense que Nixon a démissionné pour trois bandes magnétiques...», dites-vous ? On oublie souvent que l'affaire du Watergate a duré plus d'un an, que Nixon a été réélu entre-temps avant d'être enfin poussé à la démission...
Vous avez tout à fait raison et d'ailleurs l'ancien conseiller juridique de Nixon, John Dean, vient d'écrire un article très intéressant dans une revue juridique. Il déclare que si le système américain continue de fonctionner normalement, si les élus et les institutions jouent leur rôle, on devrait à terme aboutir à une procédure d'impeachment, c'est-à-dire de destitution contre l'actuel président des Etats-Unis. En effet, la gravité des agissements est sans commune mesure avec ceux de l'ancien président Nixon: on a menti à l'opinion américaine et internationale, on s'est engagé dans une guerre sans justification immédiate, en violation des règles internationales.


 

Maou: Est-ce que le lobby Bush se trouve uniquement dans sa région natale, ou a-t-il des soutiens ailleurs?
Le lobby Bush repose avant tout sur l'industrie pétrolière et le secteur de l'armement. Tous les proches collaborateurs et conseillers du Président américain ont parti lié avec les plus grands fabricants d'armement.


 

Kakia: Que deviendra l'influence de Perle et co. si Bush n'est pas réélu ? Cette équipe de faucons a-t-elle une influence au-delà du gouvernement (industriels, société civile, etc.) qui risque de se perpétuer quel que soit le prochain gouvernement ?
Ils ont une influence et des relais au sein du pouvoir économique et financier mais la non réélection de Bush les priverait évidemment du relais politique indispensable dont ils ont besoin pour mettre en œuvre leur politique.


 

Aldo: Dans ce monde de «miroirs et de fumée» qu'est l'univers du renseignement, quel crédit apportez-vous à ceux qui pensent que le faux document accusant l'Irak d'importation d'uranium a été concocté par certains membres de la CIA cherchant à piéger l'équipe Bush ?
Le film, «le Monde selon Bush», apporte un éclairage extrêmement intéressant sur cet épisode. Il donne notamment la parole au principal intéressé, Joe Wilson, ancien ambassadeur en Irak qui fut envoyé au Niger pour enquêter sur des soi-disant livraisons d'uranium à Bagdad et qui rédigea un rapport révélant que tout était faux. L'administration Bush et notamment le vice président Cheney ne lui ont pas pardonné cette indépendance d'esprit et de comportement et ils ont tenté de le discréditer par tous les moyens notamment en révélant la couverture sous laquelle travaillait sa femme, qui était agent de la CIA.


 

Bobsinclar: Si les Américains attrapent Ben Laden avant les élections, pour assurer une victoire de Bush, sachant qu'ils savent où il se trouve, entre le Pakistan et l'Afghanistan, l'opposition ne pourra-t-elle pas dénoncer cette mise en scène?
Peut être, mais la capture de Ben Laden n'aurait pas à mon avis un impact énorme sur le résultat des élections dans la mesure où Bush et son administration se sont eux-mêmes piégés en faisant porter la responsabilité des attentats du 11 septembre sur Saddam Hussein et le régime irakien.


 

Patrick: Les journalistes de «Libé» écrivent que vous êtes revenu avec Karel des USA sans véritables preuves sur les liens Ben Laden-Bush. Qu'en pensez vous?
Au contraire, mon livre, «la guerre des Bush» apporte des preuves irréfutables sur l'étroitesse et l'ancienneté des liens entre la dynastie Bush et la famille Ben Laden. Des liens qui remontent à 1976 quand Bush père était directeur de la CIA. Je consacre plusieurs chapitres dans mon livre à évoquer cette coopération, et les hommes qui sont impliqués.


 

LittleWing: Pensez-vous que Bush «prépare ses arrières» et fasse voter dans les prochains mois des lois bloquant l'accès aux documents pouvant le compromettre dans les événements du 11 septembre, les tortures en Irak, etc.?
Probablement. Déjà il a signé un décret prévoyant que ses archives ne pourraient pas être consultées avant 30 ans, ce qui est bien au-delà des normes habituelles.


 

LittleWing: L'influence des médias US va-t-elle être déterminante dans l'élection du 2 novembre et quel est son réel pouvoir de «propagande» pro-Bush vis-à-vis de l'Amérique «profonde» ?
La presse américaine, depuis le 11 septembre 2001, s'est caractérisée par un étonnant suivisme envers la politique de Bush. Toute critique ou remise en cause des options suivies par la Maison blanche ont été soigneusement écartées. Pendant trois ans, la presse américaine considérée pourtant comme un contre-pouvoir n'a pas rempli son rôle. Aujourd'hui, certains journaux redressent la tête, mais le chemin à parcourir pour retrouver la fonction critique et accomplir le travail d'investigation qui était le leur jusqu'alors est encore long.


 

Blub: Le «New York Times», le «Los Angeles Times» et même le «Washington Post» se montrent très critiques envers Bush ces dernières semaines. Cela pourra-t-il avoir un effet sur les élections de novembre ?
Je ne crois pas. Il faut savoir que la presse américaine, et même des titres prestigieux comme le «New York Times» ou le «Washington Post» sont avant tout des quotidiens régionaux, non diffusés sur l'ensemble du territoire. Le ton est donné par les chaînes de télévision, notamment les chaînes d'informations câblées comme Fox News qui appartient au milliardaire Ruppert Murdoch proche des Bush et qui a adopté tout au long de la crise irakienne, une ligne dure, intransigeante, fustigeant tous ceux qui osaient émettre la moindre critique ou réserve envers la politique suivie par Bush en Irak. Le tout avec une violence de ton inouïe.


 

 

 

Le monde selon Bush : Extraits de Presse

 29 juin 2004


" Un réquisitoire implacable qui dissèque avec une précision terrifiante le mécanisme du pouvoir. "

Le nouvel Observateur


 

" Une bombe hertzienne… Du cinéma d'art et essai qui ne sacrifie pas la rigueur au spectaculaire… Un film mené à un train d'enfer… "
Libération

 

" Un documentaire explosif… Une enquête rigoureuse qui dresse un portrait au vitriol du Président des Etats-Unis et de son entourage… "
Technikart

 

" Un documentaire choc, percutant… Un film qui contient tous les ingrédients d'un polar… "
 VSD

 

" Un réquisitoire implacable, passionnant de bout en bout… "
Télé Star

 

" Un quatre-vingt-dix minutes décapant qui démonte le " système Bush " et révèle la face cachée du Président de la première puissance mondiale. "
Le film Français

 

" Un brûlot anti-Bush… On ne peut que recommander ce documentaire impitoyable. "
Le journal du dimanche

 

" Une impitoyable plongée au cœur d'un système vérolé… Un documentaire d'utilité publique… "
Télé deux semaines

 

" Un documentaire cinglant… Une enquête fouillée qui révèle les secrets du clan familial et taille un costard au Président, habillé pour l'hiver… Une démonstration implacable. "
Les inrockuptibles

 

" Un documentaire bourré d'informations vertigineuses sur les affolantes dérives de la machine " Bushienne ". Un document fort. "
Télérama
 

" Un dossier à charge aussi confondant qu'accablant. Exemplaire. "
Le Monde-Télévision

 

" Une enquête accablante sur un monde secret, cynique et corrompu. "
 Télé Cable

 

" Un documentaire coup de poing qui dresse un portrait implacable de l'Administration américaine "
Le Figaro

 

" Un documentaire exceptionnel. "
20 minutes

 

" Un réquisitoire… Une analyse sans complaisance… "
Le point

 

" Un document choc, percutant… Encore plus fort que Michael Moore… "
Le Parisien

 

" Un regard acéré et percutant… Une enquête passionnante. "
 L'express

 

" Terrifiant… Une remarquable et nécessaire piqûre de rappel. "
 Le canard enchaîné

 

" Un portrait qui fait froid dans le dos… On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. "
Zurban

 

" Une enquête remarquable. "
 France-Soir

 

" Un documentaire édifiant et terrifiant. "
L'Humanité

 

" Un film époustouflant. Un réquisitoire argumenté, précis, affligeant. On en sort plus accablé que jamais. "
 Sud Ouest

 

" Un constat sans appel. "
 La croix
 

" Tout est dit et décortiqué, sans concessions et sans démagogie. C'est redoutable et imparable. "
Le Figaro magazine

 

" Un remarquable travail d'investigation. Inquiétant mais salutaire. "
La voix du Nord

 

" D'une redoutable efficacité… On sort de ce film " halluciné " ! "
 La libre Belgique

 

" Une enquête remarquable… La dynastie Bush sous un jour cru et accablant. "
 Elle

 

" Pragmatique, rigoureux… "
Chronic'art

 

" Brillamment construit… Moins provocateur et plus informatif que celui de Moore. "
Paris Match

 

" Un documentaire indispensable… Allez ! Palme d'or. "
 Madame Figaro

 

" Une mine d'informations inédites… "
Marianne

 

" La mafia Bush…Passionnant et accablant…Aux antipodes de Farenheit 9/11… "
 Politis

 

" L'autopsie " des trois ans de présidence Bush… Un bilan désespéré. "
 L'Humanité hebdo

 

" Une œuvre marquante, parfaitement structurée…Des documents percutants…"
 Ecran total

 

" Le " Michael Moore " haut de gamme de la télé française… "
Télé 7 jours

 

" Si Michael Moore mérite une Palme d'or, William Karel en mérite trois. "
Le Monde

 

 

 
Paris premiere

Le monde selon Bush, l'avis d'Elisabeth Quin



Rigoureux

La différence entre «Fahrenheit», le film de Michael Moore palmé à Cannes et ce remarquable documentaire de William karel tient à leurs natures respectives : le premier est une très séduisante et brillante œuvre de propagande jouant avec les ficelles d’icelle, raccourci et martèlement, conçue par un idéologue disposant d’une caméra. Le second, beaucoup moins séduisant et drôle, beaucoup plus précis, complet et éthique, mené et réalisé par un cinéaste qui n’a pas pour but de faire voter contre quelqu’un, mais d’ouvrir les esprits, et de maintenir les citoyens en état de questionnement critique. Le jour et la nuit.
Au contraire du M.Moore, «Le Monde selon Bush» n’offre que très peu d’images d’archives montrant W. Le but de Karel n’est pas de prouver que le président des États-Unis est bête par l’examen fasciné de sa physionomie, mais de comprendre qui il est, et ce qui le façonne : une dynastie d’affairistes, avec cette révélation sur le grand père Prescott bush qui aurait été un banquier secret d’Adolf Hitler. Puis des opinions, un conservatisme farouche et un libéralisme hérité de son père, enfin une foi aveugle, instrumentalisée par la droite chrétienne fanatique (Mel Gibson en fait partie).A partir de ce maillage, résultat d’interviews et d’investigations, Karel veut faire comprendre ce qui se cache derrière l’engagement en Irak. Disons le tout de suite : l’analyse et les hypothèses du «Monde selon Bush» sont plus fouillées que chez Moore. De surcroît on a pas le sentiment que le réalisateur construit son film pour qu’il colle à son postulat de départ, Bush est une marionnette véreuse, virons-le, comme le fait Moore. La morale se niche dans le moyen d’arriver à ses fins, et si Karel n’a pas de respect pour W. Bush, la méthodologie pour le dire, elle, est respectable. Je vous laisse découvrir comment les deux thèses sont complémentaires.

«Le Monde selon Bush» n’est pas qu’une enquête accablante sur le plus mauvais président qu’aient jamais eu les États-Unis, selon Norman Mailer et le Los Angeles Times. C’est aussi un constat dramatique sur l’absence d’opposition politique efficiente dans le pays. De ce point de vue, le héros du film, un certain Robert Byrd, frappe comme héros john-fordien, mais ses 85 ans et ses tremblements parlent de crépuscule.


 

Entretien avec Jean-François Lepetit

Vous êtes avant tout un producteur de films de fiction. Qu’est ce qui a guidé votre envie de produire un documentaire et de choisir un sujet lié à une actualité aussi brûlante ?


Je pense que la réalité dépasse toujours la fiction. J’ai été extrêmement frappé par la vaste entreprise de manipulation à laquelle s’est livrée l’administration Bush. Là en l’occurrence, le déclic est venu de la lecture du livre d’Eric Laurent, La guerre des Bush que j’ai dévoré durant un trajet d’avion. Le lendemain, je contactais l’éditeur pour en acquérir les droits. J’avais envie en tant que producteur mais aussi comme citoyen que ce livre devienne un film-documentaire vu par le plus grand nombre.


Le choix de confier la réalisation à William Karel s’est imposé naturellement ?


Nous avons initialement pensé à quelques réalisateurs dont Barbet Schroeder, Costa Gavras et William Karel …Ce dernier était non seulement enthousiaste sur le projet mais également disponible immédiatement…Nous avions particulièrement apprécié ses séries sur les hommes de la Maison Blanche, CIA guères secrètes ainsi que Opération Lune… sa connaissance des Etats-Unis, son cv impressionnant et son humour très décapant étaient pour nous autant d’éléments rassurants pour cette entreprise que nous voulions ambitieuse.



 

A quelles difficultés avez-vous été confrontés dans la fabrication de ce documentaire ?
La principale difficulté a été d’obtenir la participation de témoins significatifs ….Grâce au carnet d’adresses de William, certains personnages clés comme Frank Carlucci ou Richard Perle ont accepté de participer. Le montage s’est révélé également la phase la plus délicate. Notamment le passage sur le Patriot act qui avait du mal à s’intégrer dans la version finale.

Enfin l’autre difficulté a consisté pour William Karel à terminer le film alors que l’actualité nous apportait chaque jours des éléments que nous avions envie d’intégrer….

 

France 2 vous a suivi tout de suite…
Yves Jeanneau de France 2 nous a manifesté son intérêt et son soutien dès que nous lui avons exposé notre projet sans même connaître le nom du réalisateur. Mais c’est un film- documentaire relativement cher au budget avoisinant les 500 mille euros. Même pré-vendu en France, Suisse, Belgique et Australie… Le risque financier reste très important…et seule une large diffusion de ce film à travers le monde devrait nous permettre d’équilibrer …

 

Parallèlement à la diffusion sur France 2, le film bénéficie d’une sortie en salle. Pour quelles raisons ?
Le problème de la télévision, c’est qu’elle n’a pas de mémoire… Demandez à un téléspectateur ce qu’il a vu une semaine plutôt, il sera incapable de vous répondre. Sortir le film en salle, même 5 jours après une diffusion télé permet de donner une notoriété accrue à une œuvre…de la dater et de l’ancrer dans la mémoire … Par ailleurs  une sortie DVD est prévue dès le 1er Juillet. A quelques mois des élections américaines, il est urgent que ce film bénéficie d’une large audience.

 

Le documentaire de William Karel avait sa place au Festival de Cannes au même titre que le film de Michael Moore. Comment avez-vous vécu sa non-sélection ?
Le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, m’a d’abord indiqué qu’il souhaitait présenter notre film en sélection officielle hors compétition, si celui de Michael Moore n’était pas terminé… par la suite il a estimé qu’il ne pouvait pas pour des raisons diplomatiques sélectionner deux films anti-Bush….Je comprends sa position même si je ne la partage pas, car il est évident que la présence du Monde selon Bush en sélection officielle nous aurait donné un formidable éclairage notamment sur le plan international. Il aurait permis aussi un élément de comparaison intéressant. Selon moi, le film de Michael Moore sombre parfois dans la démagogie. En présentant Bush comme un imbécile, il simplifie le propos et rend son message dangereux. L’approche de William Karel est autrement plus rigoureuse.

 

Le film a-t-il déjà été vu aux Etats-Unis ?
Oui, mais uniquement  par des acheteurs et des distributeurs…. Leur première réaction a été de nous demander si tout ce que l’on voit dans le film est authentique ! Pourtant ce sont des gens bien informés…C’est dire si l’impact des manipulations et des mensonges est fort dans un pays ou la presse a pourtant la réputation d’être « libre » …Nous espérons pouvoir trouver une distribution salle, vidéo ou TV aux Etats-Unis.

 

Indie Wire

World According to Bush - Hitting U.S. Theaters Ahead of Nov. 2 Election

Just in time to reach moviegoers before the November 2nd election, organizers of the Silver Lake Film Festival will release William Karel's "The World According to Bush" (Le Monde Selon Bush), a French documentary based on the book by Eric Laurent, which delivers a powerful indictment of the U.S. president. Considered a complement to Michael Moore's "Fahrenheit 9/11," the film features interviews with Bush advisers, administration officials, and even a speech writer, including Secretary of State Colin Powell, insider Richard Perle, and former CIA chiefs James Woolsey and David Kay.

"We were motivated to distribute 'The World According To Bush' first and foremost because we believe in the film and felt it was deserving of a wider audience," said Greg Ptacek, the festival's co-director along with Roger M. Mayer, in a statement. This Friday, "The World According to Bush" opens for a week at the Roxie Cinema in San Francisco and is also booked in Portland, OR and Cape Cod, MA, according to Greg Ptacek.

He indicated that while bookings in other cities are still being solidified, he expects to have a pre-election day release in as many as fifteen cities, including New York, Los Angeles, Chicago, San Francisco, San Diego, Seattle, Boston, Minneapolis, Austin, and others. Ptacek noted that while this is the festival's first foray into distribution, releasing other films is not out of the question.

"The initial reaction from independent theater owners to our distribution of 'The World' has been very positive, and now they're asking what else we have," said Ptacek in the statement. "From our perspective, there's no limit to quality, truly independent films that can find an audience at arthouse theaters across the country."

The doc, reportedly slighted by Cannes because the festival had already accepted Michael Moore's film, had its U.S. premiere at the Silver Lake Film Festival, where it won the event's best picture award at the end of September, and screened over the weekend at the Woodstock Film Festival.

by Eugene Hernandez,

Oct 19, 2004

http://www.indiewire.com/2004/10/world-according-to-bush-hitting-u-s-theaters-ahead-of-nov-2-election-78594/

Google condamné pour contrefaçon du film « LE MONDE SELON BUSH » DE WILLIAM KAREL.

Le Tribunal de commerce de Paris a décidé, par jugement du 20 février 2008 que la société GOOGLE, en permettant la mise en ligne du film « Le monde selon Bush » de William Karel sur son site, sans autorisation des ayants-droit, et après mise en demeure, commettait des actes de contrefaçon.

La société GOOGLE  a été condamnée à:

  • verser 150 000€ de dommages-intérêts aux sociétés FLACH FILM (son producteur) et EDITIONS MONTPARNASSE (son éditeur vidéo et vod) en réparation du préjudice subi,

  • une astreinte de 1 500€ par nouvelle infraction constatée, en cas de remise en ligne du film sur son site ou tout autre site sous contrôle GOOGLE,

  • la publication du dispositif du jugement sur la page d’accueil du site GOOGLE VIDEO FRANCE,

  • verser 1 000€ de dommages et intérêts aux deux syndicats de producteurs, l’APC et l’USPA, parties prenantes à l’action.

  • le tout avec exécution provisoire.


Rappel des faits : depuis 2006, GOOGLE, via son site GOOGLE VIDEO FRANCE, donnait accès au film dans son intégralité et gratuitement, malgré les plaintes des sociétés FLACH FILM (représentée par Maître Olivier CHATEL) et EDITIONS MONTPARNASSE, se plaçant ainsi en contravention aux dispositions que  Code de la Propriété Intellectuelle relatives aux droits d’auteurs et aux droits voisins. Le film y était accessible par simple clic sous forme de streaming ou par téléchargement et a, selon les sources mêmes de GOOGLE, été vu un grand nombre de fois en très peu  de temps.

FLACH FILM rappelle que l'indispensable offre légale de films sur internet ne pourra se développer qu’à partir du moment où ce type de contrefaçon sera fermement condamné.

A lire sur :
Abondance.com
Znet
Le Monde Informatique
Les Echos

Communiqué de presse : Flach Film signe un accord avec Dailymotion pour la protection de son catalogue sur la plateforme

Paris, le 15 février 2008. Suite au déploiement sur son site en juillet 2007 d’une technologie de détection et  d’identification des contenus protégés, Dailymotion annonce un partenariat avec Flach Film, acteur historique du cinéma français, pour la protection de son catalogue sur la plateforme de Dailymotion .

 

Flach Film fournira à un tiers de confiance, prestataire de Dailymotion, les empreintes numériques de ses films et en comparant ces empreintes à celles des vidéos proposées par les internautes, la technologie du prestataire de Dailymotion devrait prévenir toute mise en ligne des contenus protégés.



Par ailleurs, au travers de cet accord, une large promotion d’œuvres du catalogue de Flach Film sera également mise en œuvre sur le site de Dailymotion. Dans ce cadre, les internautes pourront visionner sur le site de Dailymotion un extrait de 10 minutes du documentaire « Le monde selon Bush » à la suite desquelles leur sera proposée une lecture intégrale du film sur des sites de VOD payante.



En conjuguant la nécessaire protection des oeuvres et l’utilisation de son site communautaire comme vecteur de promotion du cinéma sur internet, Dailymotion réaffirme son engagement aux côtés des créateurs.


 


Un extrait de 10 minutes du documentaire « Le Monde selon Bush » est disponible sur le site : http://www.dailymotion.com/flachfilm


 



 


 


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